vendredi 4 février 2011 - par Sylvain Reboul

Le paradoxe de la laïcité comme fondement de l’état

La question de la laïcité est, en Europe, controversée. La définition que l’on donne de ce terme, quand définition il y a (ce qui n’est pas le cas en Allemagne), peut varier énormément d’un état à l’autre : certains états réclament même qu’il soit inscrit dans la constitution européenne ou ce qui en tient lieu, le traité de Lisbonne, l’origine judéo-chrétienne de l’Europe comme fondement de son unité culturelle. Il faut constater que le principe de laïcité à la française comme stricte séparation de(s) l’église(s) et de l’état et de la religion et de la politique ne va de soi pour la plupart de nos partenaires européens. Cette séparation semble se heurter à un paradoxe que l’on peut formuler de la manière suivante : comment interdire à un état de se référer, quant à ses principe fondamentaux, à des valeurs, qui plus est considérées comme sacrées, qui font consensus dans la société ? La démocratie n’a-t-elle pas vocation à exprimer les choix éthique et moraux de la majorité des citoyens pour définir ce qui est juste ou injuste ?

Tout état ne peut durablement exercer le pouvoir sur les sujets ou citoyens que s'il dispose du monopole de la force légitime (et non pas seulement légale). C'est le droit qui confère cette légitimité, comme légalité instituée, encore faut-il que celle-ci soit perçue comme juste, c'est à dire au service de l'intérêt général et de la concorde civile. Pascal affirme que, ne pouvant faire que le droit seul soit fort, les états se sont efforcés de faire que la force soit perçue comme juste dans l'usage qu'il en font. Contrairement à certaines interprétations réductrices, cette transformation du droit, chez Pascal, n' est pas seulement un mensonge cosmétique pour masquer une domination, tyrannique, mais est indispensable à la paix civile, le premier des biens commun. De plus, de ce point de vue réaliste, tout gouvernement qui en est le sommet décisionnel, en tant qu'autorité régulatrice centrale de la vie sociale, ne peut apparaître comme légitime ou juste aux yeux de ceux sur lesquels il exerce son pouvoir hiérarchique que s'il met en œuvre, dans sa politique concrète, des valeurs qui fassent l'accord du plus grand nombre. La force au service de la loi ou du droit, comme ensemble de règles favorables à l'intérêt général, est donc seule légitime au contraire d'une force tyrannique violente. Ainsi tout état repose sur un contrat social tacite (théologico-naturaliste monarchique) ou explicite (constitutionnel républicain, voire démocratique) qui en fonde la légitimité.

C'est pourquoi, comme le disait Max Weber, l'état tend à disposer du monopole de l'usage légitime de la violence pour faire régner la paix civile et satisfaire à l'exigence de justice en interne et, à l'extérieur, pour défendre la société contre ses ennemis hors frontières. Il est, en cela, absolument souverain sur son territoire. Sa violence, légitimée par le droit, est une force protectrice réputée non tyrannique et donc non-despotique, favorable à la paix, c'est à dire à la concorde civile, voire dans nos sociétés libérales, favorable aux droits universels de l'homme et du citoyen à l'intérieur, ainsi qu'à liberté de tous vis-à-vis d'un éventuelle domination étrangère.

Mais pour ce faire il est indispensable que l'état, dans la personne du monarque ou dans la constitution républicaine, incarne des valeurs communes indiscutées, sinon indiscutables. Or la manière historiquement la plus efficace d'obtenir un tel consensus a été et est encore traditionnellement la religion qui sacralise les valeurs éthiques et politiques et donc produit les conditions d'une légitimité sacrée ou sacralisée par le recours à la soumission à l'autorité divine qui ordonne absolument ce qui est bien et ce qui est mal, y compris en terme de hiérarchie sociale ici bas en vue du salut post-mortem. Obéir à l'état et accepter les inégalités de pouvoirs et de biens dans la société qu'il ordonne et préserve, c'est obéir à un pouvoir divin qui transcende la pluralité des intérêts et des valeurs opposées que génère spontanément la diversité sociale. Ainsi toute société doit, pour être ordonnée, disposer d'un état dont la légitimité repose sur des valeurs sacrées transcendant les égoïsmes personnels et collectifs particuliers. Seules les religions transcendantes ont traditionnellement jouer ce rôle de justification des pouvoirs établis. « Tout pouvoir humain vient de Dieu a affirmé Paul de Tarse ».Que ce soit celui des empereurs, des rois, des nobles, des hommes sur les femmes, des maîtres sur les esclaves etc... tout pouvoir est divin, car seul Dieu peut conférer à un homme un pouvoir supérieur stable et/ou héréditaire sur les autres. Sans cette validation divine, un pouvoir serait, en effet, immédiatement renversé par impuissance à s'imposer durablement.

Or cette unicité religieuse des sociétés traditionnelles se défait toujours, à terme, sous le coup des contradictions sociales que génèrent les conflits d'intérêt et de valeurs dans les sociétés complexes et hiérarchiquement divisées en évolution. Ces conflits se transforment alors en guerres de religions interminables, puisque chaque camp revendique pour lui même et contre les autres la justice divine, voire le sacré. Le guerre entre absolus ou interprétations divergentes de l'absolu divin (guerre des dieux comme disait Max Weber) ne connait nécessairement aucun compromis pacifique possible. Tout compromis suppose, en effet, l'acceptation que la justice est relative à des exigences contradictoires et donc non divines entre des intérêts et des valeurs opposées. Pour sortir des guerres de religions en tant que telles interminables et de la violence sacrée et donc sacrificielle de soi et des autres, il faut que l'état renonce à tout fondement religieux transcendant et qu'il s'affirme comme laïque ou séculier, c'est à dire non théocratique. La loi est celle que se donnent démocratiquement des citoyens idéologiquement divisés et non pas celle de Dieu ou d'une église et état autoritaires de type théocratique.

Mais l'on voit poindre le paradoxe de l'état laïque : celui-ci doit favoriser un consensus qui rend légitime les inégalités des pouvoirs sociétaux (ne serait que le sien), la régulation des conflits sociaux, une exigence de justice pour tous, sans avoir recours à un pouvoir unificateur supérieur ou extérieur à la division idéologique et sociale de la société. Il doit instituer une religion laïque minimale non transcendante autour de valeurs proprement humaines ou humanistes tout en étant sacralisées (indiscutables) que sont la liberté, l'égalité et la fraternité qui s'incarne dans les droits de l'homme et du citoyen. Une religion que d'aucuns (ex : R. Debray) après Rousseau appellent civile.

Cependant cette reconnaissance de ces valeurs unificatrices ne va pas de soi. En effet elles sont, sinon logiquement contradictoires, le plus souvent pratiquement opposés et donc leur interprétation et la hiérarchie a mettre en œuvre entre elles est l'enjeu de débats politiques que les procédures démocratiques ont pour fonction non pas de dépasser mais de pacifier sous la règle majoritaire qu'il faut admettre comme momentanément (entre deux élections) incontestable ! La justice et l'intérêt général sont ce qu'une majorité de citoyens a, à tel moment, admis comme tels, quitte à changer de position aux prochaines élections (alternance).

 On voit alors en quoi la démocratie est fragile et en quoi la laïcité, dès lors que des courants religieux qui se réclament de valeurs divines continuent à orienter les comportements politiques des citoyens, peut être contestée ou combattue, comme étant athée, voire anti-religieuse et donc conduire à refuser la loi de la majorité ou bien, à la faveur d'une majorité de circonstance, à imposer à tous les valeurs de leur croyances particulières et rétablir un théocratisme politico-moral tyrannique majoritaire anti-pluraliste. C'est pourquoi les libertés ou droits de l'homme et la laïcité doivent être protégés contre tous ceux qui, majoritaires ou non, au nom de leur foi, les mettraient en cause. Et cela ne peut être fait qu'en soumettant la loi majoritaire au respect des valeurs laïques humanistes et non divines en faisant de la laïcité un principe fondateur de tout régime démocratique. Ce qui implique la mise en place d'une institution transcendante, politique et juridique, apte à décider en dernier ressort, que telle loi ou comportement politique, même majoritaire, est conforme ou non aux principes constitutionnels fondamentaux humanistes et laïques. Seules seront concernés par le principe majoritaire, l'interprétation concrète des valeurs de liberté, égalité et fraternité, toujours plus ou moins opposés dans une société divisée en classes, ainsi que la hiérarchie, dans tel ou tel contexte de conflit sociaux (lutte de classes), à mettre en œuvre entre elles.

Il est clair que si la laïcité doit consacrer la séparation de la religion et de la politique ,des églises et de l'état, il reste que 3 visions de cette séparation se partagent l'offre politique dans nos démocratie :

  • La vision la plus incohérente est celle que l'on observe dans toutes les démocraties qui subventionnent les cultes (par l'intermédiaire d'un impôt d'église) et qui font des religions et des églises des acteurs politiques officiels parties prenantes des décisions politiques et de leur exécution au plus haut niveau et à qui l'on confie un monopole ou une hégémonie de fait sinon de droit, sur toute une partie des activités sociales de l'état : éducatives, culturelles et sociales.

  • La vision inverse est apparemment la plus cohérente : elle refuse toute immixtion des religions dans la vie publique et politique en les cantonnant dans le sphère strictement privée. Elle a l'avantage de régler théoriquement ou abstraitement le problème, mais à l'immense défaut de refuser la libre expression des croyances religieuses, pourtant constitutive de la laïcité, dans l'espace public et sur le plan pratique elle est inapplicable : toute religion est collective et donc doit pouvoir convertir publiquement pour exercer sa mission propre.

  • Ma position est de séparer la religion de la politique en distinguant ce qui relève de la vie politique et de la vie publique .Elle implique

  • 1) L'autorisation des manifestations religieuses (sauf trouble de l'ordre public) dans l'espace public,

  • 2) mais l'interdiction du port de signes religieux pour tout fonctionnaire ou ayant une mission relevant de la vie civique e des partis politiques se référant à une position religieuse ou biblique (ex : Christine Boutin brandissant la bible lors d'une séance de l'Assemblée nationale)

  • 3) l'exigence de l'emploi d'arguments proprement religieux dans le débat citoyen. Ce qui veut dire que tout argument politique doit être toujours présenté comme rationnel, c'est à dire susceptible de recevoir l'assentiment raisonné de tous, croyants ou non, sur fond des valeurs de la république.

  • 4) Enfin l'interdiction du délit de blasphème et bien sûr le refus de toute référence à la religion et à Dieu dans la constitution.

La laïcité, comme compromis politique démocratique nécessaire à la concorde civile, dans une société idéologiquement pluraliste, est donc, tout à la fois, tolérance publique de l'expression des idées religieuses et anti-religieuses, et séparation du pouvoir proprement politique (temporel) et du pouvoir idéologique ou spirituel d'influence que les diverses croyances religieuses tentent d'instaurer sur l'ensemble de la société civile. Ce compromis ne va pas de soi. Il est clair donc que la référence à des racines historiques religieuses dont la fonction serait de nous enraciner à une position religieuse particulière, bien que très floues dans ses conséquences concrètes, ouvrirait la possibilité d'imposer, à qui ne croit pas ou qui se réfère à des croyances provenant d'autres origines religieuses, des comportements éthiques et des normes juridiques qui relèvent de croyances particulières rendues en droit incontestables. C'est pourquoi les pays les plus laïques sont ceux, dont la France, qui ont admis l'athéisme comme une idée aussi légitime que les différentes croyances religieuses et qui refusent en conséquence de lier la décision politique à des considérations religieuses.

Rien ne peut justifier, sur le plan du droit démocratique européen, que tous les européens devraient se sentir judeo-chrétiens lorsqu'ils participent à la vie politique, sauf à refuser le principe de la liberté de conscience et donc les droits de l'homme, seuls authentiques fondements de la vie démocratique. La démocratie en effet n'est pas une tyrannie majoritaire dans laquelle une majorité théocratique pourrait interdire la pluralisme idéologique et religieux. Les droits de l'homme ne doivent en rien être soumis à un quelconque droit divin, fût-il judeo-chrétien dont nul, hors telle ou telle église particulière, ne peut, du reste, fournir de définition unifiée et indiscutable.



23 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 4 février 2011 10:08

    Laicité, religion, religion, laicité ...fraternité, tolerence, ou manipulation. Voici ci-dessous une position ...ne pas tomber dans la paranoia...

    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/25/vous-avez-dit-laicite/


  • kemilein 4 février 2011 10:39

    d’entré de jeu vous confondez Culture et République
    que l’europe ait une part d’histoire chrétienne (les judéos on les a purement massacré, façon amer-indien, « juste » retour des choses)
    on est pas judéo chrétien, les sémites juifs sont pa’d’chez nous (je n’ai rien contre eux, mais c’est un fait !) eux même se considère comme venant d’ailleurs.

    oui une culture chrétienne, c’est l’une des raisons de la révolution de 1789, le clergé faisait chier, on les a exproprié et d’autre condamné a mort.

    depuis cette date une autre histoire doit s’ouvrir, celle de la République (bafouée en ce moment)

    on passe d’une nation cléricale et royale-droit-dinvin a une nation démocratique (comme je l’ai dit > usurpée aujourd’hui)


  • non666 non666 4 février 2011 11:17

    En fait la laicité a été inventé par les francs maçons, sous-marins des interets juifs pour mettre tout le monde a egalité.
    Il a été perçu par les autochtones gaulois comme un moyen de separer la religion qui leur avait été imposé par les envahisseurs germaniques, auto-proclamés noblesse de France, de l’Etat.
    Petit a petit , la laicité est devenu un justificatif de nouvelles evangelisations.
    Celle des francs maçon, secte occulte qui se repandait comme la scientologie.
    Celle des musulmans aujourd’hui, plus visible
    Celle des evangelistes anglo-saxons qui essaient de prendre pied dans le dernier cercle de pouvoir qu’il ne controlent pas : la Chretienté dominée par l’eglise catholique.

    C’etait aussi un cache sexe pratique pour dissimuler derriere de la religion l’engagement au profit de puissances etrangères.
    L’interet et les positions des militants sionistes parle d’elle meme et ce n’est pas un hasard si les « laicards » de la première heure sont obligé aujourd’hui « d’interpreter » differement leur engagement pour la laicité maitenant que d’autres (l’Ennemi islamique !) utilisent les memes point d’appuis qu’eux autrefois.
    Creer pour nous debarasser de l’influence de l’Eglise la laicité sert aujourd’hui de pretexte a toutes les conversions à toutes les propagandes .

    Pour nous autres gaulois, cela suffit.
    On ne s’est pas debarassé d’une religion importée pour en subir d’autres moins valorisantes pour nos interets et nos coutumes.

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  • Francis, agnotologue JL 4 février 2011 11:20

    « Si l’on ne peut pas faire que la force soit toujours du coté de dieu, faisons que dieu soit toujours du coté de la force » (le papé)

     smiley

    J’ai le sentiment d’avoir lu cet article il y a déjà quelques années. Je me trompe ?


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 février 2011 12:15

      C’est présupposer que les citoyens ne seraient pas capables de résister à un tel prosélytisme et qu’il faudrait les protéger a priori contre toute influence religieuse.


      1) Un tel mépris relève du mépris des citoyens donc de la démocratie.
      2) C’est oublier que les prosélytismes sont multiples et contradictoires et donc, de ce fait, pas plus dangereux que la propagande des différents partis politiques.

    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 février 2011 19:22

      Je vous rappelle que dans la loi à valeur constitutionnelle de la laïcité de 1905, la liberté d’expression religieuse et du culte est garantie !


  • jullien 4 février 2011 12:20

    Enfin l’interdiction du délit de blasphème
    Ce qui signifie en bon français que vous prônez l’établissement d’une loi interdisant le blasphème et que celui-ci reçoive la qualification de délit. Je ne peux que vous conseiller de vous relire avant d’envoyer un texte à la rédaction afin d’éviter d’exprimer le contraire de ce que vous voulez signifier. smiley


    • easy easy 4 février 2011 13:15

      Bin non Jullien,
      en bon (mais alambiqué) français « interdire le délit de blasphème » veut dire qu’on refuse que le blasphème soit un délit, ça veut dire qu’on veut pouvoir blasphémer sans aller en prison.
      Interdire le délit de blasphème revient à autoriser le blasphème, à interdire de l’interdire.


      Moi, dans sa liste, c’est le 3) que je trouve mal écrit
      «  »«  »«  »«  »«  »« 3) l’exigence de l’emploi d’arguments proprement religieux dans le débat citoyen. Ce qui veut dire que tout argument politique doit être toujours présenté comme rationnel, c’est à dire susceptible de recevoir l’assentiment raisonné de tous, croyants ou non, sur fond des valeurs de la république. »«  »«  »«  »«  »«  »« 
      Si je retire le mot »exigence« qui n’apporte pas grand chose en clarté, je me retrouve avec »Je prône l’emploi d’arguments proprement religieux dans le débat citoyen".
      Ce qui ne serait contraire à une démarche laïque.

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    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 février 2011 14:47

      je voulais dire:obligation de n’utiliser dans le débat politique que des arguments non-religieux ! Vous avez raison, merci de corriger cette coquille (j’ai oublier le non-religieux)


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 février 2011 14:48

      J’ai oublié le non-religieux, avec mes excuses


  • paul 4 février 2011 13:33

    Première remarque, l’ affirmation d’une identité religieuse pour le continent européen est
    largement utilisée par certains comme une défense contre l’islamiste : revoilà les fantasmes liés à l’empire ottoman ,et prolongés par les états-uniens dans le concept de choc ou de guerre des civilisations .Ce concept est largement utilisé par les évangélistes et les sionistes .

    Deuxième remarque, l’article semble défendre la laïcité tout en attaquant son application qui ne permettrait pas la libre expression religieuse. Elle serait inapplicable parce que«  toute religion doit pouvoir convertir publiquement pour exercer sa mission propre ».C’est ainsi que les E.U. ont
    pu attaquer la France pour entrave à la liberté d’opinion concernant la scientologie ....

    Enfin l’article semble bien un plaidoyer - très alambiqué- pour l’acceptation d’une religion unificatrice
    de la société ,« parce que c’est la manière la plus efficace d’obtenir un consensus .... »
    Sarko n’a t-il pas dit que l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé, le pasteur (Latran)

    Tout ceci est à une confusion des valeurs et en particulier du rôle de la laïcité, dont
    l’interprétation gouvernementale actuelle aboutit au communautarisme .

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  • paul 4 février 2011 13:38

    Complément concernant l’entrave à la liberté d’opinion : je ne sais plus s’il s’agit de la Scientologie ou des Témoins de Jéhovah .


    • Antoine Diederick 4 février 2011 20:29

      belle intervention, car si Sylvain Reboul fait un rappel de fond, les temps ont changé.

      Question :« Peut-on au nom de la liberté de conscience, et de la neutralité de l’Etat en matière de religion, tolérer des »sectes« qui auraient prétention à religion ? Bref, qu’est ce qui fait religion ? »


  • easy easy 4 février 2011 16:36

    En gros, je veux bien qu’on s’efforce d’aller vers la laïcité, ne serait-ce que dans la sémantique des discours politiques.

    Mais ça sera forcément laborieux par notre langue n’est pas que latine, pas que grecque, pas qu’arabe, pas que normande, pas que germaine, de par ses racines ; elle est aussi religieuse, elle est aussi bourré de métaphysique, de croyances et de superstitions, par ses formes, ses expressions, sa rhétorique,

    « Bonne mère ! » c’est quoi sinon une référence à Marie ?

    « Aide-toi et le ciel t’aidera » c’est quoi sinon une référence à Dieu. Quand bien même on ne prononcerait plus cette expression explicitement, sa valeur, son sens, son concept transpirerait encore longtemps à travers ce que nous nous disons les uns les autres.

    Comment un politique laïque doit-il nommer l’église Saint-Sulpice alors qu’il est censé ne pas croire aux saints ou en tous cas ne pas en perpétuer le concept ?
    Et Jeanne D’arc, on en fait quoi avec ses voix ? Une schizophrène ?


    Par ailleurs, je me demande si ce n’est pas en combattant le diable qu’on le fait exister. Je me demande si ce n’est en combattant activement le racisme ou la discrimination, par exemple à la manière de SOS racisme, qu’on maintient en vie tous les concepts racistes.


    Enfin et surtout, je suis convaincu que l’homme a besoin de mystères. Que dénigrer systématiquement le mystique le pousse vers le matérialisme et vers l’égoïsme.
    Je crois aussi que notre réflexe laïciste traduit notre incapacité à contrer proprement l’argumentaire des Eglises millénaires er ringardes d’autant. Nous devrions entreprendre un réexamen, une refonte complète des Livres mais conserver le principe d’une très haute parole paternelle qui nous dépasse.

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  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 février 2011 17:23

    1) On peut parler des saints et de Dieu sans croire en la sainteté, ni en l’existence de Dieu, comme on peut parler des fées et des licornes, en tant que produits de l’imagination


    2) Je ne pense pas que la laïcité signifie le refus du mystère pour ceux qui sont croyants, mais seulement le refus de faire intervenir les mystères religieux dans la vie politique

    3) On peut très bien vivre sans religion dès lors que l’on entretient de bons rapports avec les autres et soi-même. Je suis athée et je ne me porte pas plus mal que beaucoup de croyants qui s’angoissent du péché et du jugement dernier ...mais la laïcité n’est pas l’athéisme.

    4) Ni l’état laïque, ni moi, n’interdisons à personne de satisfaire des besoins religieux...que, pour ma part, je n’éprouve pas, mais la laïcité exige seulement que nul ne prétende me les imposer ou en faire une affaire d’état

    • easy easy 4 février 2011 17:46

      «  »«  »«  »«  »«  » On peut parler des saints et de Dieu sans croire en la sainteté, ni en l’existence de Dieu, comme on peut parler des fées et des licornes, en tant que produits de l’imagination«  »«  »«  »«  »«  »«  »« 

       En effet, on peut. Mais en évitant justement les questions qui obligent à en parler.
      Les enfants ont le chic pour poser des questions embarrassantes et on se voit à botter souvent en touche. En effet, un politique peut dire »RDV à l’église Saint Sulpice" en éludant toute question portant sur ce qu’il en pense. Mais un enfant lui demanderait ce qu’est une licorne, il répondra volontiers que c’est une invention de l’esprit.
      Ce qu’il peut dire des fées, des dragons et des djins, il ne peut pas le dire au sujet des saints, des prophètes, des tables de la loi, de l’ostie, du Graal.... Il ne peut pas dire que ce sont des inventions sans scandaliser ceux qui y croient.

      Alors elle est où la laïcité sinon de pure forme ? Il est où le rationalisme quand on ne peut poas dire que personne n’a jamais marché sur l’eau ni multiplié des pains et encore moins ressuscité ?

      Il y a no man’s land.

      C’est cela, le no man’s land, le seul progrès que les rationalistes peuvent obtenir.

      Bin une zone de non-dits, pour un rationaliste, c’est une capitulation.

      Entretenir une zone de non-dits c’est s’interdire le blasphème et ça, vous dites ne pas en vouloir.

      C’est la raison pour laquelle je demande que les rationalistes, que les laïques, puissent exposer clairement leur point de vue sur ces supersitions et qu’il en ressorte alors une manière laïque de parler de chacune des pages des Livres et de la foi, manière qui devrait rester supportable aux oreilles des croyants.

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    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 4 février 2011 19:38

      Je refuse le non-dit en forme d’autocensure, dès lors que la liberté d’expression est un droit constitutionnel qui m’est reconnu ; pour ma part, je m’en félicite et remercie la révolution française sur ce point. J’ai été 38 ans prof de philo et athée et personne ne m’en voulu, parce que justement, j’argumentais rationnellement ma position. Vous ne savez probablement pas qu’en France, la majorité des enfants ne sont plus aujourd’hui baptisés, ce qui ne leur interdit pas de se faire baptiser plus tard, volontairement.


      On peut critiquer les religions en France sans être accusé de blasphème. Profitons-en. Ne pas choquer qui n’est pas d’accord avec soi, c’est se condamner à ne jamais s’exprimer sur rien.

      Je n’ai jamais dit à mes enfants et petits enfants que le père Noël était réel, mais je le leur est présenté comme une fiction symbolique, comme un personnage de légende et de conte. Ils ont toujours su que nos cadeaux venaient de nous

      Pas de problème...
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    • Antoine Diederick 4 février 2011 20:26

      Sylvain, bel article mais le père Noël est une invention de Coca-Cola , vous oubliez Saint Nicolas smiley

      Bel article. La hantise dans l’imaginaire français est la guerre de religion, telle celle qui, fraticide a opposé les protestants et catholiques et qui , historiquement, a aussi établi le socle français.

      Puis vint 1789, les lumières etc...le douleureux accouchement de la république etc, la suite est connue.

      (Richelieu en poussant les huguenots hors de France a provoqué une crise économique)


    • jullien 4 février 2011 22:27

      (Richelieu en poussant les huguenots hors de France a provoqué une crise économique)
      Vous confondez avec Louis XIV.


    • Antoine Diederick 7 février 2011 18:30

      a Jullien avec deuxx « ll »

      sans doute, il y a erreur mais Mazarin fit la suite de Richelieu.

      Vous faites allusion à la révocation de l’Edit de Nantes....


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 février 2011 13:41

      Vous faites erreur : la loi de 1905 est un fondement de la république dès lors que la constitution fait de la république française une république laïque dont la définition est celle de 1905. (Il n’ y en a pas d’autres)


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 6 février 2011 08:45

      « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. »


      Article 1 de la constitution française.

      1) la constitution est le fondement du droit républicain
      2) le laïcité y est nommément citée comme constitutionnelle 
      3) la loi de 1905 est le seul texte qui définisse en droit la laïcité : elle a donc valeur constitutionnelle en vertu de l’article 1. 
      Donc : Une violation stricte de la loi de 1905 est anticonstitutionnelle en France.
      CQFD.

      C’est l’avis de tous les constitutionnalistes et de toute la juris-prudence. 
      Lire la suite ▼

  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 4 février 2011 21:58

    La laïcité, c’est la séparation des Églises et de l’État + la liberté de conscience + la liberté des cultes (dans des lieux de cultes et pas dans l’espace public).


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