mercredi 28 décembre 2016 - par NAMASTE

Une tranche de populo-misérabilisme à la française

Conseil au futur auteur d’une anthologie du misérabilisme et du populisme contemporains : écoutez les émissions des grandes chaînes radiophoniques françaises du lundi 26 décembre 2016 entre 11.15 et 11.45 car vous y dénicherez une perle précieuse.

Vous révéler ici le nom de la chaîne radio incriminée tout comme celui de son intervenant le plus caricatural contrarierait mon désir de bienveillance à l’aube de l’année nouvelle.

L’émission traitait de l’exploit du navigateur Thomas Coville qui, la vieille, était devenu le recordman du tour du monde à la voile en solitaire et sans escale en moins de 49 jours, 3 heures et 8 minutes.

A l’annonce de ce record, l’intervenant fait d’abord la fine bouche « Cela ne m’émeut pas parce j’ai l’impression que c’est un sport de privilégiés » puis en reprend une resucée « Je ne suis pas ému comme par un autre sport, c’est trop un sport de privilégiés, me semble-t-il ».

A quel autre sport faut-il donc penser pour rester dans la mouvance politiquement correcte du moraliste courroucé ? Est-ce au foot dont les vedettes sont les modèles d’une jeunesse rêvant trop souvent de rouler en Ferrari voire d’honorer quelque jolie Zahia ?

Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe, intervient au cours de l’émission. Ce travailleur de la mer, homme de sang-froid, tente d’expliquer son métier mais sans grand succès puisqu’un autre intervenant prononce sa sentence irrévocable : « Il s’agit d’un sport de bourgeois  ». Ca chlingue dur le Sartre et la furie de guillotine.

Hélas, tout cela n’est que banal tout-venant, comme on dit dans les déchetteries, auquel le citoyen français lambda est archi-rompu, même s’il n’écoute pas France Inter.

Mais une perle va couronner le gâteau populiste.

En effet, notre harangueur de service lance « OK, Coville a fait une chose de super et tout mais celui qui va dormir et qui appelle le 115 (1) tout à l’heure ... »

Je ne sais pas vous mais moi je trouve qu’on touche ici le fond de la marmite populo-misérabiliste à la française. Allez savoir pourquoi, cette comparaison douteuse dont le surréalisme le dispute à la haine, a fait naître en moi une pensée fugace, celle de la Brûlé arrachant le pénis de Maigrat (2) avec tout ce qui vient autour.

Finalement, comme les friqués, les moralo-misérabilistes ne pensent qu’au fric. Pour des raisons différente, bien sûr. Entre les uns et les autres coule un Styx (3), bordé des rives de la cupidité drapée du mérite (4) et de la jalousie parée d’altruisme pleurnichard. Que votre doigt leur montre la lune, ils ne regarderont ni le doigt ni la lune mais penseront au gousset caché dont votre bras levé assure mal la garde.

Pour se dédouaner habilement, notre enragé déclare « Thomas Pesquet (5), ça m’émeut ». Quel cœur ! L’altitude modeste (400 km) de la Station Spatiale Internationale, les gigajoules qu’elle requiert et les dizaines de milliers d’employés qu’elle mobilise l’émeuvent plus que les dizaines de milliers de kilomètres parcourus par un seul homme au milieu d’éléments déchaînés avec le seul recours du vent. On a les émotions sociales qu’on mérite.

Au fait, je me demande ce que notre misérabiliste pense de Solar Impulse (6). Est-il certain qu’il nous épargnerait d’entendre que les richards, suisses ou autres, feraient mieux de s’occuper de notre RER ?

Pour terminer, je pense aux blessés de la vie qui, ce soir, vont devoir dormir dehors faute de trouver une place dans un foyer. Dieu merci, il en est qui, sur leur carton et malgré tout, vont rêver d’aventures, de celles de leur jeunesse comme de celles qu’ils pourraient encore revivre et, pourquoi pas, de celles des grands marins.

Quels que soient les haillons, ils cachent toujours un cœur.

 

(1) SAMU social

(2) Germinal

(3) Rappel : fleuve infernal de la mythologie grecque

(4) Exemples : " mais j’ai travaillé, Moi "ou encore " mais j’ai fait des études, Moi "

(5) Astronaute français

(6) Avion solaire de Betrand Piccart



26 réactions


  • Alren Alren 28 décembre 2016 18:57

    L’intervenant est un faux-cul à l’évidence !

    Ses revenus de journaliste-croupion lui permettrait d’acheter un bateau, à ce ’bourgeois". S’il n’en a pas c’est qu’il a peut-être le mal de mer ou que sa bourgeoise n’aime pas ça !


    • NAMASTE 28 décembre 2016 20:57

      @oncle archibald


      Vous avez tout compris


    • Sergio Sergio57 29 décembre 2016 00:41

      @oncle archibald

      Avec tout le respect que je vous dois et ayant travaillé sur de nombreux bateaux j’ajouterai, ’un bateau on est content quand on l’achète et on est content quand on a réussi à le revendre’

    • Sergio Sergio57 29 décembre 2016 00:47

      FrançoisAlain et l’ours Baloo sont dans un bateau, qui tombe à l’eau ? 


      François : Non car François tond Alain

      Baloo : Non car Baloo est tondu par Alain

      Reste Alain car il tond Baloo (Alain tombe à l’eau)

    • Pere Plexe Pere Plexe 29 décembre 2016 09:37

      Y a t il antinomie entre la position du journaliste et la vôtre ?


      Oui les courses au larges nécessitent des budgets énormes difficilement accessible a ceux qui ne sont pas « de l’élite ».On trouve au palmarès de ces transats pas mal de fils (et fille) de... Et comme dans d’autres sports nécessitant de gros budgets le mérite n’est pas toujours suffisant.
      Est ce condamnable de le rappeler ?


      Cela dit la voile ce n est pas uniquement la Route du Rhum ou le Vendée globe...La voile ce n’est pas que la compétition.Et les compétitions de voile ce ne sont pas que les courses prestigieuses sur bateau géant.

      Surtout les exploits de grands navigateurs reste des exploits.
      Et finalement le plus souvent ces coursiers sont fort sympathiques...

    • Christian Labrune Christian Labrune 30 décembre 2016 00:50

      C’est super chouette la voile.

      @oncle archibald

      J’ai vécu quatorze ans à Dieppe. Je suis donc un vieux marin même si, craignant le mal de mer, je peux compter sur les doigts d’une seule main mes sorties en mer depuis le berceau. Je me permettrai donc de vous informer qu’il existe désormais des moteurs à essence qu’on installe très commodément à l’arrière de n’importe quelle petite embarcation, fût-elle munie d’un mât et destinée par son constructeur à supporter plutôt des voiles. Cela permet d’économiser le vent et de ne pas avoir, trop souvent, à tirer des bordées qui rallongent bien inutilement le voyage : rien ne vaut la ligne droite ! Un autre intérêt c’est aussi que, lorsqu’il n’y a pas du tout de vent, lorsqu’on se trouve au beau milieu d’une bonace, on peut quand même regagner la côte en ligne droite et trouver de quoi manger. Avec la voile en pareil cas, comme sur le radeau de la Méduse, il n’y a plus qu’à bouffer le plus gras de la bande comme il arrivait trop souvent au large de Dieppe à l’époque où j’y étais marin.


    • baldis30 30 décembre 2016 09:14

      @Sergio57
      Ockham avait-il oublié son rasoir sur le bateau ?


  • Victor 28 décembre 2016 20:06

    Bah ...
     
    ça pourrait être pire ...
     
    Coville aurait pu dire : « Je navigue pour le Sida » ... où mieux « pour les migrants » ...
     
    Moi, pour le Sida, je joue aux billes en écoutant une chanson d’émigré fiscal, d’ « enfoiré » mondain de la gogoche.


  • baldis30 28 décembre 2016 21:45

    Bonsoir,

    bien que je trouve l’article excellent je pense qu’il faudrait souligner que ce genre d’exploit, comme pour beaucoup d’aventures, sportives ou scientifiques ( exploration des planètes) , c’est une victoire par procuration que bien des gens ressentent et ce ne sont pas eux qui feront, du moins publiquement , les gigantesques remarques stupides mentionnées.

    Même si on ne voit que l’exploit sportif individuel, il y a derrière toute une organisation notamment psychologique et médicale qui peut resservir dans d’autres conditions. Idem sur le plan de l’alimentation ...


  • bluerage 29 décembre 2016 07:36

    Bon, on a tous compris que la radio en question est France Inter(lope), comme vous le dites si bien à la fin du septième paragraphe. Mais aussi, quelle idée d’écouter cette radio de gauchos (faux culs donneurs de leçons) financée par nos impôts en plus


    • NAMASTE 30 décembre 2016 22:38

      @bluerage

      Bonsoir,

      vous vous trompez : il ne s"agit pas de France Inter ( trop facile ...)

  • fred.foyn 29 décembre 2016 07:37

    La France est un pays FOUTU car son peuple est bien trop LÂCHE pour vouloir changer les choses...

    pays de grandes gueules sans couilles..comptant TOUJOURS sur la venue des autres pour la sortir d’affaires...
    Vous méritez la MERDE dans laquelle vous êtes..Des VEAUX disait De Gaulle !

    • cevennevive cevennevive 29 décembre 2016 08:06

      @fred.foyn

      Vous n’en avez pas marre de nous vomir dessus ?


    • baldis30 29 décembre 2016 08:42

      @cevennevive
      Il ne supporte pas le foie gras, et il préfère le Coca-cola bourré de cocaïine au Sauternes, au Quart-de-Chaume et au Bonnezaux ....

      Il ne supporte pas les escargots et boit du Pepsi-Cola au lieu d’un Macon


  • cevennevive cevennevive 29 décembre 2016 08:15

    Bonjour NAMASTE (deux fois « bonjour » donc ?)


    Les voiliers, le grand large, l’envol vers ailleurs.. Je n’ai jamais eu ce plaisir, mais je le vis par procuration.

    Peu importe l’intendance qu’il y a autour, je ne vois que la liberté, et l’effort qu’il faut pour l’atteindre.

    Bien entendu, Henri de Monfreid, Bernard Moitessier et bien d’autres ne bénéficiaient pas de la technique moderne. Mais les découvreurs de détroits, d’îles lointaines ou de perfides courants marins ont eu les mêmes aspirations et la même liberté et quelquefois les mêmes souffrances.

    Bon, je ne veux pas parler de cette radio, cela va pourrir mon commentaire.

    Bien à vous.



    • NAMASTE 29 décembre 2016 10:56

      @cevennevive

      Bonjour cevennevive,

      il y a toujours beaucoup d’intendance autour du sport (sports d’hiver, tour de France, courses autos...)

      Ce qu’il y a de remarquable dans la voile c’est qu’on fait appel à une énergie 100% naturelle et renouvelable.
      L’exploit de Coville nous montre clairement que la Terre n’est pas si grande qu’on pourrait le croire : 50 jours suffisent à une voile poussée par le vent pour en faire le tour.

      Bonne journée

    • cevennevive cevennevive 29 décembre 2016 11:25

      @NAMASTE


      Cette intendance, précisément, a fait que 50 jours ont suffi à Coville pour faire le tour de la terre.

      Je pense alors avec amitié et admiration à Bernard Moitessier qui, avec Joshua, a mis plusieurs mois.

      Cela n’enlève rien à l’exploit de Coville et des autres participants. Les quarantièmes rugissants, le Cap Horn, sont tout aussi effrayants je crois, avec un voilier moderne qu’avec un ancêtre non équipé d’électronique.

      Peut-être les « détracteurs » radiophoniques et autres auraient-ils été émerveillés par un navigateur à la rame ??? Quoique...
       

    • baldis30 29 décembre 2016 11:57

      @NAMASTE
       j’appuie là-dessus puisque certains armateurs ont envisagé la mise en place de grandes voiles (500 m² et plus ) sur certains pétroliers pour économiser le carburant. De petits essais ont été faits, résultats inconnus.


    • NAMASTE 29 décembre 2016 13:12

      @cevennevive

      je ne pense pas que Maud Fontenoy , bourgeoise inscrite au PR, soit leur tasse de thé bien qu’elle ait eu la volonté et la bravoure de traverser le Pacifique sud à la rame.

    • Sergio Sergio57 29 décembre 2016 13:45

      @baldis30

      Expérience avortée parce que trop de pétole

    • NAMASTE 29 décembre 2016 14:47

      @baldis30


      il y a en effet des expériences en cours (turbovoiles, effet Magnus.... ) lesquelles, semble-t-il montrent des économies de carburant significatives.

  • Sergio Sergio57 29 décembre 2016 10:57

    Quand on constate les fortunes personnelles de tout nos dirigeants politiques, et j’ose le dire, de Mélanchon à Fabius en passant par Macron, on peu dire que Thomas Coville, Michel Desjoyaux et autres, ont eu la grande classe de savoir tenir un cap, et d’amener leurs bateaux à bon port. L’actualité nous montre qu’Il y a des capitaine qui quittent le bateau avant qu’il coule


  • Debrief 29 décembre 2016 14:24

    Bien énervé l’auteur contre le « populo-misérabilisme ». Il a le droit de l’être pour sa grande cause maritime et les errements d’un commentateur lambda, mais qu’il foute la paix au populo qui ne s’intéresse ni à la voile ni à la vapeur et qui n’est pas l’exutoire haineux des petits pétomanes du droit de réponse..


    • NAMASTE 29 décembre 2016 16:47

      @Debrief

      Vous avez tort : je me suis bien amusé à écrire cet article et ne me suis nullement énervé. Les Français qui s’énerveraient contre des épisodes médiatiques tels que celui qui nous intéresse ici dépériraient à vue d’oeil car ils s’y voient plongés en permanence.
      Côté sémantique, l’expression « populo-misérabilisme » est une contraction de« populisme-misérabilisme ». J’aurais aussi bien pu écrire « misérabilo-populisme »
      « Populo » n’a rien à voir avec « populisme »
      Heureusement d’ailleurs que le populo a conservé un bon sens qui a échappé aux mythomanes qui se croient investis de la mission de l’éclairer.

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