samedi 23 février 2019 - par Marcel MONIN

Vers le « STO » ?

Vers le "STO" ?

La mode se répand de vouloir subordonner la mise en œuvre d’un mécanisme de solidarité (indemnisation du chômage) à la condition que les chômeurs rendent service (à une collectivité) par un travail effectué à titre occasionnel. (D’où notre titre).

Dans notre pays, le législateur d’antan avait (hélas !) prévu, entre autres institutions de la même veine (comme la « sécurité sociale » ou la « retraite des vieux »), que les personnes au chômage pourraient bénéficier d’indemnités leur permettant de continuer à vivre, malgré leur infortune.

Ce qui n’est plus conforme à la notion actuelle de « progrès » ni à celle de « compétitivité ». Et ne va pas non plus dans le sens de la mondialisation, ou du « gouvernement mondial » qui est prédit par les plus hautes personnalités de l’Etat et quelques penseurs parmi les plus écoutés de ces derniers.

Comme les bienfaits de la mondialisation s’accompagnent (hélas aussi ! mais c’est le destin ou la fatalité) de la précarisation de l’emploi, de la baisse des salaires, et finalement du chômage qui demeure ou s’accroit malgré les promesses renouvelées des dirigeants, il convient de limiter ces indemnisations.

Car il ne faut ni accroitre les déficits, ni la dette. Pour ne pas léguer cette dernière à nos enfants. Ni augmenter les impôts de ceux qui font de l’optimisation fiscale ou qui jouent en bourse. Parce qu’il pourraient oublier qu’ils pourraient investir, même si cela leur rapportait autant, dans la création d’emplois.

Le tout en veillant, autant que faire se peut, à faire accepter cette situation, par les individus concernés. Par exemple en faisant penser à ces derniers que s’ils sont au chômage, c’est de leur faute. C’est qu’il leur manque le talent propre à ceux qui réussissent. (L’environnement familial, le système éducatif, les capacités financières données par les parents ou la collectivité sous forme de bourses ou les réseaux n’y étant évidemment pour rien). Et que s’ils ne retrouvent pas d’emploi, ni à côté de chez eux, ni là où il leur faudrait déménager pour tenter leur chance ailleurs, ce sont des fainéants. Et en plus, que ce sont des parasites qui vivent aux crochets de la société ; c’est à dire aux crochets des bons citoyens qui n’ont pas à débourser leur argent de manière aussi aberrante. Surtout, qu’en cherchant un peu, on peut ramasser l’exemple de fraudeurs, ignorés on ne sait pourquoi par les services de contrôle et s’en servir.

En le disant évidemment avec des formules un peu moins voyantes, que peuvent trouver les communicants travaillant pour les dirigeants. Qui, au passage, enseigneraient à ceux qui gagnent leur vie dans les entreprises de presse, de radio, ou de télévision, à faire leur besogne sans être trop ridicules (ce qui enlève le cas échéant à la crédibilité du message).

Cette institution du « service par travaux occasionnels » permettrait aux collectivités territoriales (pour commencer) et aux associations (surtout celles qui apportent de l’aide à ceux qui ne « s’en sortent pas » … même en travaillant) de bénéficier d’une main d’œuvre pas chère. Puisque pas rémunérée. Donc légalement en dessous du SMIC. Ce qui permettrait de réduire la masse salariale, et aussi le nombre d’emplois stables. Et, évidemment, de faire pression à la baisse, sur l’évolution des salaires. Précarité qui s’inscrit en plus dans la logique des nouvelles orientations, modernes, du droit du travail (non débaptisé).

On pourrait, en fonction des besoins, augmenter (un tout petit peu à chaque fois) le temps du bénévolat obligatoire et étendre (toujours progressivement) son champ d’application, notamment au secteur marchand ou industriel. Pas tout de suite. Mais par exemple quand on aura du mal à « caser » les chômeurs dans les services publics, quand il ne restera plus beaucoup de ceux-ci.

Ainsi, la République dans sa marche, aura rassemblé sinon en son sein du moins à ses confins, ses « derniers de cordée » : les travailleurs à la tâche et les chômeurs travailleurs.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

PS Les personnes qui prendront ces « propositions » au premier degré, et qui ne sont pas occupées par le « grand débat », pourront manifester leur indignation.



12 réactions


  • Clocel Clocel 23 février 2019 13:08

    Pour avoir écrit ce genre de chose, avec moins de talent il est vrai, je m’étais fait copieusement traîner dans la merde il y a quelques années où il m’apparaissait déjà que c’était bien vers là nous allions...

    Les bugs de la communication et la panique des élites devant l’obstacle décisif vont-ils faire tomber les œillères d’une masse critique ?

    Pas sûr, rien n’est plus difficile à convertir qu’un nouveau croyant.


  • foufouille foufouille 23 février 2019 14:36

    c’est pareil pour les malades qui devraient pour certains crever en travaillant. certains sont morts au bout de 5 ans sous dialyse. je me souvient d’un reportage avec la charogne de pernault qui s’est mis au repos après son cancer de la prostate.


  • Le421... Refuznik !! Le421 23 février 2019 18:03

    Franchement...

    Quand je vois des gamins de 17-20 ans traverser la manif des GJ d’un air dédaigneux avec le smartphone à la main, je me dis parfois qu’une petite séance d’esclavage leur fera sortir les doigts du c... Heu, non, de l’écran !!  smiley


  •  C BARRATIER C BARRATIER 23 février 2019 18:15

    Je connais des chômeurs professionnels...minoritaires sans doute. Mais d’eux mêmes des chômeurs au RSA devaient faire du bénévolat ailleurs qu’avec les filets jaunes. D’eux mêmes bien sur.


    • Xenozoid 23 février 2019 18:25

      @C BARRATIER

      avec des contrats a zero heure(valable 3 mois) ou le rsa,y’a pas trop de choix chez le capitaliste professionnel,mais bon freheit en arbeit


    • foufouille foufouille 24 février 2019 08:49

      @C BARRATIER

      encore une fois, montre nous tes millions d’offres de boulot.


  • ddacoudre ddacoudre 23 février 2019 21:45

    Bonjour Un bon article auquel je souscris pour avoir tout au long de ma vie soutenu la solidarité égoïste afin de se protéger par mutualisation des risques dont l’on sait que l’on sera ou pourrons être atteint. Les salariés sont la classe la plus nombreuses qui finance tout en tant que client. J’explique cela dans un article sur mon site. Les gilets jaune sans le sou. Cordialement ddacoudre,over-blog.


  • devphil30 devphil30 24 février 2019 06:02

    L’augmentation des chômeurs est le cercle vertueux pour la capitalisme qui peux pondéré les salaires à la baisse.

    Nous voyons clairement le processus se mettre en place avec la destruction du code du travail , des contrats CDD très courts et bientôt nous suivrons le modèle capitaliste anglo saxon et appliquerons le contrat zéro heure comme les Anglais.

    Le fait que l’état reprenne le contrôle de l’assurance chômage induit surtout avec Macron que les devoirs passeront avant les droits d’où le sens de cet article qui démontre la direction dangereuse prise avec les indemnisations chômage où cette période devra être assortie de travail pour la collectivité.

    On ne peux pas prôner une solidarité dans la société, chômage , familiale , logement etc et ensuite culpabiliser ceux qui en bénéficient.

    Pour être passer par la case chômage , c’est aussi une période où l’on peux se poser un peu , réfléchir , envisager une formation , une reconversion.

    Cela laisse un peu de temps avant de reprendre une activité où l’on sera alors plus motivé et efficace car la période de chômage aura permis de reprendre un peu sa vie en main.

     



  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 24 février 2019 08:40

    Si la France était moins égocentrique, elle verrait que ce qui ce passe avec Macron avait déjà eu lieu En Belgique depuis l’accession au pouvoir de la N-VA (2010). Ils ont aussi essayé les STO. Cela frisait l’ARBEIT macht frei : les chômeur devaient faire le ramassage de pommes : universitaires et non-diplomés ensenble. Cela n’est pas passé. 


  • Croa Croa 25 février 2019 11:00

    Ces gens sont privés de travail donc c’est bien de leur en donner. Toutefois tout travail mérite salaire. Il faut donc leur donner un salaire et au moins le salaire minimum. Si ce travail d’intérêt général est effectué au profit d’une association sans moyens il faudra trouver l’argent ailleurs.


  • ZenZoe ZenZoe 25 février 2019 18:07

    Le plus triste avec ça est que les Français sont en majorité d’accord pour faire bosser les « assistés ».

    Sans voir on dirait ce qui se met lentement en place. Pourtant, ça crève les yeux depuis une trentaine d’années, On commence avec les stages gratuits, puis on passe aux boulots très précaires : CDD d’un jour renouvelables à l’infini, micro-jobs payés au lance-pierre, ubérisation...et aujourd’hui donc le bénévolat obligatoire pour ces mêmes précaires. La boucle est bouclée. Reste plus que la prochaine étape : l’esclavage.


  • Pierre Sarramagnan-Souchier Pierre Sarramagnan-Souchier 15 décembre 2019 16:40

    La solution : Pour une revenu de base inconditionnel pour tous !
    Le reste n’est que fumisterie…

    ••• L’esclave moderne •••

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/o-o-o-l-esclave-moderne-o-o-o-179686


    (extrait)


    « Je pense que l’homme a mal tourné depuis le néolithique »

    ••• Les nouveaux esclaves ont enfin leurs maitres ! •••

    (…)

    4 - Le revenu de subsistance ou revenu de base (https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_base), lui est sévèrement critiqué par un ex-ministre du travail qui pense que c’est ouvrir la porte à une société de fainéant…

    (…)

    Bon ! Maintenant on se dit qu’on a touché le fond et que l’on va peut-être remonter vers des horizons moins sordides !

    Eh bien non ! 

    On peut encore faire « plus pire que moins mieux que grave » dans le genre d’énormité dirait Coluche !

    En effet, ce serait oublier que l’Allemagne, ce cher pays qui nous sert de référence en matière d’économie (après trois années de suite d’excédents budgétaires : http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-ecart-se-creuse-entre-allemagne-vertueuse-et-france-calamiteuse-michel-garibal-pib-chomage-sans-emploi-2639338.html) a encore plein d’idées qu’elle a déjà testées ces dernières décennies en matière de maîtrise de la main-d’œuvre bon marché corvéable à souhait pour le plus grand profit du capitalisme mondialisé :

    5 - Berlin propose des “emplois à 1 euro” de l’heure aux réfugiés !(http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-ecart-se-creuse-entre-allemagne-vertueuse-et-france-calamiteuse-michel-garibal-pib-chomage-sans-emploi-2639338.html) Oui vous avez bien lu ! Pour un euro de l’heure ! (…)
    et le pire est à venir…

    (…)


    Mettre en place un Revenu Maximum légal pour combler ces écarts de salaires invraisemblables

    10 - Une autre idée concernant les réductions des inégalités des revenus, serait de proposer en plus d’un Revenu de base inconditionnel (RBI) et/ou de la Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) à mettre en place immédiatement, c’est de décider d’imposer un Revenu Maximum légal au delà duquel le taux d’imposition soit de 100% autrement cela n’aura servi strictement à rien de proposer un seuil minimum pour éviter l’effondrement de la notion du vivre ensemble dans une société. (…)

    • favoriser l’égalité et la solidarité par la mise en place d’une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) pour tous les citoyens de l’UE et par l’instauration, dans chaque pays, d’un revenu minimum et maximum sur la base d’un espace écologique d’inégalités allant de 1 à 4 ou 6.

    Source : http://pierre.souchier.free.fr/europeennes2014/index.html


    Voir aussi : “Le chômage, c’est fini ! Vive le bonheur national brut (BNB)”

    http://pierre.souchier.free.fr/revoltons_nous/page.revoltons-nous.25.html

    (…)

    Cela pourrait même être un excellent programme pour de prochaines élections présidentielles que de proposer ces idées novatrices pour le futur et le meilleur épanouissement des peuples… Mais ne rêvons pas trop devant le peu de courages de ces fumistes prédateurs qui se présentent à ces élections. Hélas !



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