Considérations hébraïques
1. Au prétendu commencement tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes puisqu'il s'agissait d'Elohim c'est-à-dire de El (le Dieu de la Puissance et de l'Elévation dans le Moyen-Orient polythéiste) au pluriel donc bel et bien des Dieux.
2. Bien après le prétendu commencement voilà 5785 ans selon le calendrier hébraïque (en 4370 ou 610 de l'ère chrétienne) ça a tourné au Nounoiement coranique c'est assez logique. Mais le premier spécialiste venu voudra vous expliquer que c'est un Nous de majesté parce que Elohim bien qu'au pluriel, est accordé au singulier avec les verbes et les adjectifs, et puis sinon certaines interprétations rationalisantes musulmanes veulent intégrer tous les anges (Nous = Allah + Jibril, c'est-à-dire le Dieu et Gabriel délivrant le Coran à Mahomet, CQFD).
3. Mais c'est des Dieux de l'humilité bien entendu ou qui quoiqu'il en soit attend la vôtre (d'humilité) devant Eux (sic). Après faut dire Allah n'est pas un pluriel mais littéralement le Dieu raciné en El comme Elohim qui se Nounoie.
4. Non mais sérieusement en vérité à l'époque sémitique archaïque voilà environ 4000 ans est apparu le Dieu El entre les Dieux·éesses. En tant que Dieu de la Puissance et de l'Elévation c'est un Dieu dont on espère effectivement Puissance et Elévation. Or on attend de n'importe quel·le Dieu·éesse qu'iel nous exauce dans son domaine. Celui qui adore El attend donc de lui qu'il le potentialise et l'élève entre les hommes. Et comme tout adorateur il peut se sentir élu d'un·e Dieu·éesse.
5. Qu'est-ce que ça fait de se sentir élu·e du Dieu de la Puissance et de l'Elévation ?... Carl G. Jung parle là d'identification avec la Personnalité Mana ou l'Archétype du Sorcier·de la Toute Mère : c'est dangereux pour l'équilibre psychique du Moi au sein du Soi, la Conscience est Inconscientisée : ce sont des éléments de mégalomanie.
6. En tant que Dieu de la Puissance et de l'Elévation un tel Dieu qu'El peut se sentir Principe de toute force, toute capacité, tout acte, pour ainsi dire Tout et N'importe Quoi, y compris de la Puissance et de l'Elévation des autres Dieux·éesses. Quelle mégalomanie alors de se croire non seulement Dieu des Dieux (à l'époque phénicienne précédant directement l'hébraïsme) mais bien Dieux au pluriel de majesté finalement pluriel de puissance et d'élévation non ?
7. Dit autrement et selon la sagesse antique environnante ce Dieu a de l'hybris : de la démesure. Mais heureusement pour lui il est le Dieu de la Puissance et de l'Elévation de telle sorte que lorsque la fatalité le rattrape il remonte la pente !
8. Le truc c'est qu'il n'était ni le Dieu de la guerre, ni la Déesse de l'amour, ni de tout ce que vous voulez. Sans les autres Dieux·éesses il n'était que virtuel (en puissance par opposition à réel). Sans les autres Dieux·éesses ce Dieu n'est réellement rien et c'est la raison pour laquelle il se les agglutine au pluriel Elohim.
9. Mais un homme ou un peuple qui s'en sentirait l'élu serait dans les mêmes démarches pour le meilleur et pour le pire.
10. Quant aux continuateurs de cet homme ou de ce peuple ils ne feraient que rebondir dessus. Avec les traducteurs grecs et latins ayant remplacé El et ses dérivés par Dieu on perdit tout discernement à ce niveau, mais l'arabe étant sémitique comme l'hébreu on retrouva la racine El dans al-Lah.
11. Que les chrétiens insistèrent sur l'Amour (pourtant issu d'autres Dieux·éesses et toujours-déjà agglutiné à Dieux) c'était une volonté d'adoucir la mégalomanie de la Puissance et de l'Elévation vétérotestamentaire de sorte qu'on aboutît à l'absolutisme musulman où « limite » Dieux vit dans la pureté d'un Être parallèle à l'Être dans lequel nous évoluons (« la Création » selon le monothéisme). Et quand on y pense la faculté d'être dissocié de l'Être (de « la Création ») est logiquement sur-puissante : du tréfonds sémitique archaïque le Dieu El serait le Dieu qui historiquement se serait détaché de l'Être au point de devenir un Sur-Dieu agglutinant les Dieux·éesses de l'hébraïsme à l'islamisme, au point alors de pouvoir ergoter et pavaner être « Créateur » à faire passer l'Être pour secondaire (« Création ») eu égard à Eux.
12. Quand je parle de l'Histoire de Dieux, je parle évidemment de son émergence dans la spiritualité humaine. Métaphysiquement il est censé être Eternel (« là depuis le début, depuis toujours » et en fait « Là dans l'Absolu ») mais répétons que cette métaphysique a une Histoire que je raconte vite dans ces paragraphes. L'Eternel a une histoire... l'Histoire de l'Eternel... en espagnol : el Eternal, El eternal. Tout de suite ça claque, ça fait stylé, la classe de Ceux censé nous surclasser, et qui ne nous surclassa... qu'Avec Le Temps.
13. Le serpent se mord la queue.
14. Le monothéisme a disons 3-4000 ans d'Histoire pour être gentil : homo (toutes les espèces du genre) a au bas mot 2 millions d'années... donc l'Histoire non-monothéiste a 1.998.000 années, sachant que des contrées non-oxydantales actuelles sont toujours non-monothéistes et que cette Histoire a bien 2 millions d'années au bas mot. De plus l'Histoire du monothéisme se concentre pendant 2000 ans dans l'aire sémitique avant de se répandre pendant les 2000 ans suivants à peu près partout sur le globe (qui fait tout cumulé à raison de 5 continents 12.000 ans, et disons au bas mot pour rester simple 5 points de communautés humaines différentes par continents, soit 52.000 ans) : homo (selon le même calcul x5 contents x5 points de communautés humaines différentes/continent) a 50.000.000 (50 millions) d'années.
15. Le monothéisme occupe pile 0,104% de l'existence d'homo.
16. Homo sapiens (vieux de 300.000 ans et selon le même calcul x5x5) dispose de 7,5 millions d'années. Le monothéisme occupe environ 0,693% de son existence.
17. Mais qui suis-je pour dire que durant environ 99,307% de l'existence des homo sapiens et 99,896% de l'existence des homo (hominidés) en général Dieux ne s'est jamais imposé avant de disparaître et de réapparaître voilà quelques 4000 ans ? La Bible ne nous enseigne-t-elle pas qu'Adam et Eve (le premier couple) fut le premier informé ? Mais ces « Adam et Eve » ne sont pas vieux de 5785 ans conformément au calendrier hébraïque, ils sont vieux de +2 millions d'années, et d'ailleurs si l'on cherche le premier couple engendrant homo sapiens il faut le chercher non parmi les homo sapiens mais parmi les homo habilis qui précèdent les homo sapiens !
18. Nous nageons en plein débat entre les créationnistes, les évocréationnistes et les évolutionnistes. Les croyants les plus fervents disent que les fossiles de dinosaures ont été placés là par Dieux pour éprouver leur foi : MALIN, Dieux !
19. Durant les 50 millions d'années largement non-monothéistes que nous comptons sur les 5 continents au bas mot avec seulement 5 points de communautés humaines par continents, il est statistiquement possible que des peuples aient déjà conçu sinon Dieux du moins « un Dieu unique » (Dieux n'étant que sa forme monothéiste récente depuis environ 4.000 ans enraciné dans l'hébraïsme...
20. … et encore ! des articles de JPCiron sous AgoraVox nous informent que l'unicité n'aurait finalement été progressivement formalisée par les juifs qu'avec l'avènement du christianisme ! Si les infos de JPCiron sont bonnes cela ne laisse plus que 2000x5x5 années au monothéisme soit 50.000 ans au lieu de 52.000 : ce qui n'est pas grand chose de moins vus les échelles de temps envisagées mais qui ridiculise encore plus le monothéisme puisqu'il se retrouve avec pile 0,1% du genre homo et environ 0,667% d'homo sapiens.)
21. Décidément il ne reste rien que des spéculations au monothéisme, qui de toutes façons ne ressemblait déjà plus qu'à un polythéisme agglutinant => hénothéisme mégalomane (dédicace à un seul Dieu sur-puissant) avec son Elohim. C'est une dinguerie.
22. Enfin viennent les guénoniens pour nous dire qu'on s'en fout puisque seule la Tradition Primordiale compte (genre d'essentiels ésotériques diffractés par les cultures) qui nous renvoie à la métaphysique au §12 évoquée : le besoin de croire est important. Et après les guénoniens vous avez les évocréationnistes (pas forcément monothéistes ce qui s'appelle monothéiste au sens juif-chrétien-islamique) au §18 évoqués mais qui sont bien obligés de faire de la Bible un poème alors : le besoin de croire est important. Et enfin vous avez les scientifiques qui s'imaginent (plus ou moins francs-maçons dans la démarche mais pas forcément) « qu'après tout c'est impossible que le miracle de mon existence – et par mon existence la nôtre, ainsi que celle de la vie, de cette planète et de tout le cosmos – soit sans raison donc sans intelligence divine départicularisée » : le besoin de croire est important.
23. Dieux est leur sur-doudou... car le psychologue n'y voit que leur fantastique besoin d'attachement à l'Être auquel ils ont une relation fragilisée au point qu'il faille un Divin Médiateur... et après tout c'est tout naturel que de s'attacher à l'Être... mais ça implique aussi qu'ils ressentent intrinsèquement la tragédie de la Contingence (dont Quentin Meillassoux s'est fait un spécialiste ès réalisme spéculatif, encore qu'on ne puisse pas plus la prouver que Dieux).
24. Les Dieux·éesses par contre n'ont jamais eu cette dimension de Sur-Dieu sur-puissant absolu et ont toujours animé l'Être diversement... en réalisant la puissance serait-elle issue d'un tel Dieu de la Puissance et de l'Elévation qu'El, à la dé-virtualiser c'est-à-dire réaliser enfin.
25. Les métaphysiciens à ce stade observent précisément que ça donnerait raison à Guénon avec ce Dieu Potentiel diversifié ès Dieux·éesses, du Principe à ses Manifestations mais alors on perd la doctrine monothéiste telle que les juifs-chrétiens-musulmans l'entendent sèchement (même à en faire un Amour Tout). Sans surprise le monothéisme n'est qu'une particularisation de ce que les guénoniens nomment Tradition Primordiale.
26. Dieu de toutes façons est un mot issu du latin signifiant lumière comme diurne ce qui implique autre chose que puissance/élévation... côté sémitique dans les millénaires on disait Baal signifiant seigneur. Tout ceci n'est pas indifférent en termes de manières de voir ou de s'aveugler.
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