mercredi 25 septembre 2013 - par Fergus

1957 : jour de batteuse

Septembre, dans un hameau du Cantal. Une journée particulière commence...

Ce jour-là dans la ferme des Ségurel, hommes et femmes se sont levés en même temps à l’appel des 6 coups de l’horloge. Après une toilette sommaire, les hommes – Théodore Ségurel, son père Martial et son fils aîné Adrien – ont rapidement bu un bol de café, puis sont partis d’un pas décidé vers l’étable : 17 bêtes à traire à la main, chacun assis sur une selle en bois à trois pieds. Hors de question de traîner, le travail doit être terminé le plus tôt possible. Les trois hommes l’accomplissent sans parler, le silence de l’étable étant seulement troublé, de temps à autre, par des tintements de chaînes, des raclements de sabots et le bruit des jets de lait sur les parois des seaux.

Ce n’est pas pour le laitier que l’on se presse ainsi en ce matin de septembre : comme d’habitude, l’employé de la coopérative passera vers 8 heures avec le camion Dodge brinquebalant dont il se sert pour effectuer le tour des fermes ; comme d’habitude, il enlèvera les bidons de lait pleins et en déposera des vides pour les deux traites à venir, celle de l’après-midi et celle du lendemain matin. Du côté du laitier, rien d’autre que la routine. La raison de l’empressement des Ségurel réside ailleurs, dans le caractère particulier de cette belle journée d’été finissant : depuis hier en début de soirée, la batteuse est là, une superbe machine Breloux, toute pimpante avec ses flancs de bois et ses poulies de métal. Installée en majesté au centre du couderc* et parfaitement assurée sur ses cales, elle est prête à dévorer goulûment les récoltes accumulées lors des moissons sous le cuisant soleil d’août. À quelques mètres de la batteuse, un peu en avant du métier à ferrer, un rutilant tracteur Pony 812 Massey-Harris, pourvu d’un surprenant moteur d’Aronde Simca, se prépare à communiquer son énergie à la batteuse ; depuis deux ans – rançon du progrès –, c’est lui qui a remplacé la vieille locomobile Ardente dont le panache de fumée noire s’élevait naguère dans le ciel du hameau.

Pas question de perdre du temps : rendez-vous a été donné à tous les hommes du hameau pour 8 heures précises. D’ici là, tous devront avoir terminé la traite du matin dans leur ferme, puis avoir avalé pachade* et fourme* pour faire le plein d’énergie. Pour être dissimulée, l’excitation n’en est pas moins palpable, y compris chez les anciens. Les vaches elles-mêmes, sollicitées plus tôt qu’à l’accoutumée pour donner leur lait, sont un peu nerveuses. Quelques claques sur les croupes remettent de l’ordre chez les plus remuantes, principalement des salers au caractère plus affirmé que leurs blondes cousines aubrac.

Chez les Ségurel, la traite terminée, les seaux lavés et les filtres en papier donnés à lécher aux chats, direction la salle commune après s’être délesté des galoches pour la collation du matin. Chacun prend place à la grande table en chêne surmontée d’une suspension à contrepoids et d’un inélégant mais indispensable ruban tue-mouches qui voisine avec le jambon et les saucisses pendus aux poutres. Serge, le fils cadet – un gamin de 13 ans –, est déjà attablé en compagnie d’un Aveyronnais dénommé Chambon, le mécanicien de la batteuse ; comme le veut l’usage, il a couché à la ferme. Au bout de la grande table, Marguerite Ségurel, Marie-Pierre, l’aînée des filles, et Isabelle Boussuge, venue en renfort de la ferme voisine, s’affairent déjà pour préparer le repas du midi tandis que les hommes déjeunent, indifférents au bruit monotone du balancier de l’horloge. Là encore, on ne parle guère, comme si le moment était solennel. Il est vrai que chacun connait son rôle. À 7 h 45, les trois hommes replient la lame de leur laguiole, repoussent bruyamment le banc de bois sur les dalles de basalte et quittent la pièce pour aller chausser leurs brodequins. Le mécanicien est déjà parti depuis près d’un quart d’heure pour achever les réglages du matériel sur le couderc.

8 heures. L’aube finit de chasser la nuit. Déjà, le soleil luit derrière la colline et souligne d’un halo le chaos de granite qui couronne le Puech du Mazet. Dans quelques minutes, il va paraître et déchirer les derniers lambeaux de brume matinale qui s’accrochent encore, ici et là, aux bâtiments et à la vieille tour ruinée où se chamaillent les choucas et les pies. Sur le couderc, l’on s’affaire avec efficacité. Déjà, la longue courroie qui relie la poulie du tracteur à celle de la batteuse a été mise en place. Un premier char de gerbes est là, positionné depuis la veille au soir sous une bâche pour ne pas perdre de temps, chaque journée de travail de la batteuse étant facturée par le mécanicien. À l’arrière de l’impressionnante machine, les sacs de jute sont prêts à recevoir le précieux grain qui sera acheminé vers le grenier où il sera monté à dos d’homme.

À la demande de Théo Ségurel, le moteur du Pony est mis en marche et la poulie en prise, entraînant la redoutable courroie dont la rupture peut tuer un homme sur le coup, comme cela s’est malheureusement déjà vu. Aussitôt, la batteuse prend vie, secouée par les mouvements internes de ses tamis et impatiente de digérer les monceaux de gerbes qui vont être offerts à son insatiable appétit par les hommes au travail. Insigne preuve de confiance, c’est au jeune Pierre Ségurel, le couteau fièrement ouvert et brandi aux yeux de tous, que revient l’honneur de donner le signal du départ. Juché sur une étroite estrade accrochée au flanc de la batteuse, il est chargé d’une mission de confiance : couper la ficelle des gerbes qui arrivent sur le tapis, lancées à la fourche depuis le char à bœufs par les hommes du hameau affectés à cette tâche**. À côté de Pierre se tient Serge, le fils aîné des Mallet, un grand gaillard de 16 ans. Son rôle : répartir, d’un geste rapide et précis, les épis sur le tapis roulant qui les entraîne dans les entrailles de la machine.

Commence alors un incessant ballet, dominé par le ronronnement lancinant de la machine. Un ballet entrecoupé seulement par le temps des repas, celui des nuitées et celui des traites. Il ne s’achèvera que trois jours et demi plus tard, lorsque toutes les récoltes du hameau auront été battues, lorsque tous les sacs de grain auront été remplis pour être transportés puis vidés dans les greniers des fermes préalablement nettoyés. Un ballet en quatre actes rejoués en boucle sous l’autorité conjointe du paysan maître d’ouvrage et de l’entrepreneur aveyronnais.

En ce premier jour de batteuse, tout débute dans un enclos attenant à la ferme des Ségurel. Quatre gerbiers y ont été érigés lors des moissons d’août, chacun constitué par des centaines de gerbes savamment disposées, les têtes d’épis des gerbes périphériques tournées vers l’intérieur, le tout couronné d’un ingénieux faîtage de paille pour assurer une parfaite étanchéité des grains jusqu’au battage. Le plus haut des gerbiers – près de 7 mètres de hauteur ! – est constitué du blé qui sera très vite vendu au minotier après la batteuse, exception faite de la quantité nécessaire aux semailles à venir. Les trois autres gerbiers, nettement plus petits, sont faits du seigle réservé à la fabrication du pain, de l’orge et de l’avoine, ces deux dernières céréales étant destinées à l’alimentation du bétail. Ce sont ces gerbes, et le précieux grain que contiennent leurs épis, qu’il faut acheminer jusqu’à la batteuse. Ce transport est assuré par deux chars en bois, chacun attelé à une paire de bœufs, stoïques lors des périodes d’attente sous les attaques des mouches qu’ils chassent régulièrement en agitant leur joug.

C’est ensuite aux servants de la Breloux d’agir. Tandis que Pierre et Serge, juchés sur leur estrade, réceptionnent les gerbes lancées à la fourche et les enfournent dans la gueule béante de la machine, deux hommes sont affectés à la lieuse mécanique qui assemble la paille. Le transport de celle-ci est assuré par les mêmes chars qui ont amené les gerbes : retour vers l’enclos où sont érigés les paillers qui, peu à peu, prennent de la hauteur tandis que les gerbiers diminuent. Une paille qui fournira, tout au long de l’année, matière à refaire les litières des vaches dans l’étable et celle des cochons dans la porcherie, avant d’être épandue dans les cultures lorsqu’elle sera transformée en fumier par le mélange avec les déjections animales. Six hommes sont en charge de cette noria entre l’enclos et la batteuse : quatre sont affectés au transport des gerbes ou de la paille, les deux autres, les plus intrépides, à la déconstruction des gerbiers et à l’érection des paillers, ce dernier travail demandant une technicité particulière pour assurer solidité et imperméabilité de l’édifice.

Autres servants de la Breloux : les deux hommes affectés à l’ensachage du grain dans les robustes sacs Saint-Frères en toile de jute. L’un d’eux n’est autre que Théo Ségurel. La récupération se fait par des clapets métalliques positionnés au bas de la trémie où s’entassent les grains issus du battage. Tandis qu’un sac se remplit, le précédent est, avec l’aide du servant, chargé sur les épaules d’un des gaillards en charge de le porter jusqu’au grenier de la ferme. Des sacs de 80 kg dont le col n’est la plupart du temps pas lié mais solidement tenu en main par le porteur pour être vidé sous les combles sans perte de temps. D’autres sacs, nettement plus légers, contiennent le son récupéré grâce à un système de ventilation intégré dans la batteuse. Ce son sera utilisé pour l’alimentation des bêtes ; il sera notamment mélangé aux épluchures de légumes dans la soupe des cochons.

Le propriétaire de la batteuse, quant à lui, ne se contente pas de suivre les évènements sans broncher. Muni d’une burette et d’une pompe à graisse, M. Chambon ne cesse de tourner autour du Pony et de la Breloux, ajoutant ici un peu d’huile dans un rouage, ou injectant là un peu de lubrifiant dans un point de graissage. Le tout en s’assurant d’un œil expert que les redoutables courroies restent bien centrées sur leurs poulies et la batteuse bien calée sur le sol du couderc.

La chaleur assoiffant les organismes, Marie-Pierre Ségurel, revenue de conduire les vaches au pâturage, et Isabelle Boussuges viennent régulièrement porter le canon de vin, la bouteille dans une main, le verre dans l’autre. Chacun s’interrompt un instant pour boire son verre, parfois en profitant de la courte pause pour redresser sa carcasse et soulager son dos meurtri malgré la ceinture de flanelle dont sont équipés presque tous les hommes. À noter qu’il n’y a pas de grande originalité dans l’habillement des paysans de montagne en ces années 50 : outre la ceinture de flanelle qui maintient solidement les reins, sont à l’honneur les pantalons de toile et la chemise paysanne en coton ou en lin. La plupart des hommes portent sur la tête une casquette ou un béret, et aux pieds des brodequins, les galoches étant réservées aux travaux d’étable. Trois ou quatre des hommes portent en outre leur grand mouchoir à carreaux noué sur le visage à la manière d’un masque de protection. On les comprend : dès la mi-journée, le nez envahi par la poussière qui a pris possession du couderc, chacun mouche et crache plus ou moins noir selon sa proximité avec la machine, et il en ira ainsi jusqu’au départ de la batteuse.

Du côté des femmes, on continue de s’activer en cuisine, Marguerite Ségurel ayant reçu le renfort de sa belle-sœur Marthe, venue tout exprès de Saint-Flour où elle réside avec son mari quincailler. La veille, quatre kilos d’échine et de palette de porc ont été dessalés, et plusieurs tartes aux pommes et aux myrtilles ont été préparées. Tout cela sera cuit et mijoté au cours de la journée pour le repas du soir, lorsque le ronronnement de la batteuse aura cessé pour la nuit. En attendant, c’est le repas du midi qu’il convient de servir. Tandis que la batteuse s’est provisoirement tue, les hommes s’attablent dans la cour de la ferme sur la longue table faite de tréteaux et de planches. Pas question de s’attarder là en cette mi-journée : le repas est froid, constitué pour l’essentiel de charcuterie et de fromage. Le café bu, tout le monde retourne à son poste de travail.

Vers 17 heures, traite oblige, le rythme du travail se ralentit pour cause de diminution provisoire des effectifs. Chez les Ségurel, c’est encore à Marie-Pierre Ségurel qu’est revenue la tâche de ramener les vaches dans l’étable et de les enchaîner aux crèches. Sans perdre de temps, elle entreprend la traite en compagnie de son grand-père Martial. À eux deux, il leur faut près d’une heure et demie pour en venir à bout. Ce travail accompli, l’une retourne vers la cuisine, l’autre vers le couderc.

Le jour déclinant rapidement après la disparition du soleil derrière le Suquet d’Anglard, Théodore Ségurel donne peu après 20 heures le signal de fin. Le moteur du Pony coupé, le ronronnement de la batteuse s’éteint dans le crépuscule naissant. Il reste environ 2 heures de battage à accomplir le lendemain pour venir à bout des récoltes Ségurel. Puis ce sera le tour de celles, plus modestes, des Boussuge, des Mallet et des Sabatier.

Après un détour par la bachasse* pour se laver le visage et les mains, tout le monde reprend place autour de la table à tréteaux pour l’apéritif. Une bouteille d’Avèze et une autre de Pastis circulent. L’alcool aidant, les langues se délient et les rires fusent pour ponctuer les plaisanteries. Comme d’habitude, les femmes sont au service : elles mangeront après, lorsque les hommes en auront terminé avec la soupe aux légumes, le petit salé aux lentilles et les tartes. Venu du village, le vieux Mazel est là avec son accordéon dont les accents rythment la soirée tandis que les papillons viennent se griller les ailes sur les lanternes. Peu avant 22 heures, c’est après avoir chanté La Yoyette que l’on se quitte. Demain est une autre journée, et elle sera tout aussi harassante...

 

* Couderc : espace communal situé au centre ou en bordure d’un village ou d’un hameau ; on y trouve généralement le « travail » à ferrer, le four banal et un abreuvoir. Pachade : sorte d’omelette roborative, le plus souvent aux pommes de terre ou aux pruneaux. Fourme : nom donné naguère au Cantal, désormais abandonné par les jeunes pour éviter la confusion avec la « fourme d’Ambert ». Bachasse : abreuvoir.

 

** Dès cette époque étaient utilisés, ici et là, un monte-gerbes pour faciliter cette tâche.

 

Photo : Frtrains.com (la batteuse n’est pas une Breloux, mais une Vierzon)

 

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59 réactions


  • devphil30 devphil30 25 septembre 2013 09:33

    Merci pour ce témoignage d’une autre époque ....

    Une autre époque pourtant pas si lointaine 

    Philippe 

    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 09:46

      Bonjour, Devphil.

      Pas si lointain, en effet, et c’est en observant dans le rétroviseur les modes de vie de ce passé que l’on mesure à quel point notre société a changé sur tous les plans, et cela de façon si spectaculaire en à peine plus d’un demi-siècle.

      A cet époque, rappelons qu’il n’y avait en général, dans les hameaux ruraux, qu’un seul téléphone, public, chez l’un des habitants (le plus souvent disposant de la licence IV des débits de boisson). Et si les épiciers et les boulangers organisaient des tournées dans les campagnes, la plupart des habitants pétrissaient eux-mêmes leur pain et le faisaient cuire au four banal. Quant au matériel agricole moderne, s’il existait déjà dans les grandes régions de culture en plaine, il n’avait pas encore atteint les zones de polyculture et d’élevage de montagne, le tournant n’ayant véritablement eu lieu qu’avec l’avènement des années 60.

       


    • périscope 25 septembre 2013 09:49

      Salut, presque homonyme, hors pseudo : (Devillers Philippe) et région


  • périscope 25 septembre 2013 09:45

    Superbe
     Mais ne faites-vous pas erreur sur les marques ?
    Le tracteur ne pouvait être un Pony de Massey-Harris, beaucoup trop faible pour entrainer la batteuse, mais surement un Société Française de Vierzon (SFV) universellement utilisé, et dont il fallait chauffer la boule pour démarrer.
    Pour la marque de batteuse, je ne me souviens pas d’une « Vierzon » mais je me renseigne.
     En pays « Camberlot » (Cambrésis) la batteuse tournait plus tôt, je crois me souvenir, mais pas d’accordéon le soir.


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 09:58

      Bonjour, Périscope.

      Etant gamin, j’ai participé à plusieurs batteuses avant que l’on fasse appel, dans ma famille, aux premières moissonneuses-batteuses dans les années 60. Je connais l’existence du tracteur Vierzon mais je l’ai vu à l’œuvre que dans d’autres villages. Je suis à peu près sûr de moi pour le Pony (effectivement moins puissant), mais peut-être fais-je une confusion avec un autre tracteur, le Renault D35 que j’ai connu à la même époque.

      La batteuse pouvait tourner plus tôt, effectivement, mais son utilisation était limitée par la l’apparition du jour. De plus, nous étions là dans une région d’élevage qui mobilisait les énergies pour la traite du matin.

      Pour ce qui est de l’accordéon, j’avoue ne pas l’avoir connu dans ma famille, mais dans village voisin où un vieil accordéoniste venait animer les repas de batteuse comme il animait les noces ou la fête votive au cours de l’été.


    • CN46400 CN46400 25 septembre 2013 10:01

      Remarque pertinente, le SVF était un monocylindre capable, comme les chars soviétiques T34, de tirer de n’importe qu’elle huile de l’énergie mécanique. Enfin, c’est ce qui se disait lors des repas de battage, toujours bien arrosés, la réputation du propriétaire était fortement engagée sur la qualité de la boisson......détail : Le 812 à moteur d’aronde était un ...820 bien trop léger pour entraîner une batteuse !


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 10:02

      @ Périscope.

      Je penche pour le Massey-Harris car c’est la couleur rouge qui m’est restée en mémoire, pas celle, orange, du Renault. Mais je peux faire erreur...


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 10:11

      Bonjour, CH46400.

      Il est possible qu’il y ait une faille dans ma mémoire. Je n’ai pourtant pas le moindre souvenir d’un SFV aux batteuses de ma famille.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 septembre 2013 12:48

      Je viens d’aller voir le moteur SFV ...

      Monocylindre 2 temps « semi diesel » ,injection basse préssion ,boule de pré-chauffage ...une merveille de simpicité et qui pouvait fonctionner à partir d’alcool jusqu’aux huiles lourdes smiley,après réglages injection et compréssion ,plus pièces à remplacer fournies ou kit à commender (ex :cullasse -bougie-allumage pour l’alcool ou essence)...

      Ce n’était pas prévu "obsolescence programmée) ! smiley

      Me demande si ce type de mécanique est toujours construite ,car pouvant etre multi fonction accouplée des outils (scies...),à un générateur electrique ,sur chassis roulant ....et meme moulin pour fabriquer son propre carburant (huile végétale ).

      Utile ce genre de moteur au fin fond du monde ,ou ceusses qui recherchent l’autarcie .

      Fergus ,belle évocation,je n’ai malheureusement jamais vu une de ces batteuses en action .Merci.


    • CN46400 CN46400 25 septembre 2013 12:57

      Quand on a vu, et surtout entendu, un SFV fonctionner, avec son énorme volant d’inertie latéral, on s’en rappelle toute sa vie....


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 septembre 2013 13:05

      J’essaierais d’en voir un tourner .

      Aux temps énergiquements difficiles qui nous attendent,en fait c’est un moteur d’avenir


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 13:45

      Bonjour, Aita Pea Pea.

      Merci pour le commentaire.

      Et merci pour ces précisions sur le SFV. J’en ai vu un, une fois, dans la Nièvre, et je dois dire que l’engin était impressionnant, moins par son bruit que par son allure austère et robuste à la manière d’un matériel militaire. Peut-être est-il possible d’en voir tourner lors d’une de ces fêtes de battage à l’ancienne que l’on peut rencontrer, ici ou là, l’été dans les campagnes.


  • jack mandon jack mandon 25 septembre 2013 11:51

    Bonjour Fergus,

    La vie couleur sépia.

    Ces régions de France me sont familières, le Cantal
    n’est pas si éloigné de la Charente. Les noms et les vocables
    que vous utilisez sont gorgés d’histoire paysannes
    aux contours de hameaux.
    C’est la prévalence naturelle, les rythmes, les rites et les traditions.
    C’est pourtant la fin de la paysannerie qui vit en symbiose avec le terroir.
    C’est bientôt la gestion barbare, la cotation en bourse
    et la tyrannie diabolique de Monsanto l’animateur-fossoyeur.
    Deux siècles déjà nous séparent de Fabre d’Eglantine (1750-1794),
    Lui qui s’inspirait du rythme des saisons et des événements naturels
    pour mêler poésie et paysannerie dans son calendrier républicain.
    La mystique de la nature. Ces fêtes des vendanges vendémiaire, 1er mois
    de l’automne. Suivaient les mois de brumaire (des brumes),
    et frimaire (des frimas) ; nivôse (des neiges), pluviôse (des pluies)
    et ventôse, germinal ( la germination), floréal (des fleurs) prairial (des prairies)
    et messidor (des moissons) que vous évoquez, en journaliste bucolique,
    respectueux comme à l’accoutumé des valeurs éternelles.
    Pas mieux qu’un athée pour poétiser et spiritualiser la vie.
    N’oublions pas thermidor (les chaleurs) et fructidor (les fruits).
    Bien sur, dirons certains, ce romantisme langagier, occulte
    la pénibilité des travaux des champs.
    Je me souviens dans mon enfance m’interrogeant sur ces femmes grises
    et ces hommes rustiques aux dos ronds, aux visages parcheminés.
    Des paysans nés sous le second empire...l’époque romantique.
    Le monde littéraire, artistique, objectif en recul, que je connais mieux
    et celui servile, couleur de terre qui ne connait pas Fabre d’Eglantine
    mais apprécie les vertus de l’églantier en période de disette.
    Poète et paysan, une vue de l’esprit.

    A quand les prochaines jacqueries contre le criminel Monsanto,
    et ses écolos qui se trompent de guerre les salauds.

    Quand Fergus commente...on voyage dans le temps.
    C’est à dire que ça donne envie d’écrire.
    En même temps il y a toujours de la révolte dans l’air.

    Merci Fergus

     


    • brieli67 25 septembre 2013 12:45

      quel lyrisme chez notre jungien !! exporté vers la Suisse

      svp tu nous expliques ta prose « allumée » illuminée ?

      A quand les prochaines jacqueries contre le criminel Monsanto,
      et ses écolos qui se trompent de guerre les salauds.

      encore un néo-fasco très très libéral !

      et qui ne paye et récolte ses cotisations à l’estranger !


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 13:29

      Bonjour, Jack.

      Vous écrivez « C’est pourtant la fin de la paysannerie qui vit en symbiose avec le terroir », et je ne peux qu’approuver, encore qu’il faille plutôt parler du « début de la fin », la paysannerie des régions de polyculture n’ayant véritablement muté qu’au cours des années 60 avec la généralisation des tracteurs, des presses à fourrage, des moissonneuses-batteuses et autres machines modernes alors que quelques années plus tôt, on moissonnait encore avec une faucheuse liée tirée par un couple de bœufs ou par un cheval. Mais le pli du modernisme était pris et il a très vite conduit, par le biais de la mécanisation, à une industrialisation de fait des exploitations. les petites, incapables de suivre, étant mangées par les plus grosses. Très vite sont apparues les stabulations libres et les stations de traite mécanisée tandis que les tracteurs prenaient du volume et de la puissance. Quant aux animaux, que l’on nommait naguère par leurs noms, ils n’ont plus été que numéros anonymes, de la viande sur pattes.

      « La gestion barbare, la cotation en bourse » sont évidemment la conséquence de cette évolution, mais cela concerne surtout les grandes régions de culture, l’agriculture de montagne n’étant pas concernée. Elle l’est toutefois par les semences de Monsanto, hélas !

      Bref, tout a changé très vite, et les paysans d’aujourd’hui n’ont plus que de très lointains rapports avec leurs aïeux qui, il y a moins d’un siècle, labouraient encore au brabant tiré par des bœufs ! A cet égard, il est amusant de constater que ces pays-là (mon propre grand-père) étaient infiniment plus proches de la paysannerie de Fabre d’Eglantine que des exploitants modernes, penchés sur leur ordinateur pour gérer les quotas de lait ou remplir les demandes de subventions européennes.

      « Poète et paysan », une vue de l’esprit ? Non, car la vie paysanne relevait, malgré sa grande dureté, de la vraie poésie, celle de l’harmonie de l’homme avec la nature nourricière.

      Merci à vous.

       


    • Taverne Taverne 25 septembre 2013 14:22

      Salut Fergus,

      « Poète et paysan » ? Bien sûr ! Dans le genre, nous avons Gaston Couté, un chansonnier de la fin du 19ème et du début du 20ème. Un fils de paysan, fier de ses origines, et qui ne se gênait pas pour critiquer, dans ses chansons, les gros propriétaires et les profiteurs de toutes espèces. Et il défendait le patois.

      Quant à moi, je suis arrivé à la campagne vers 1968 et j’ai connu les premières moissonneuses-batteuses. Tous les fermier n’en avaient pas. Ils faisaient appel au gros fermier qui venait avec son monstre. (on courait voir...) Et l’on voyait alors le panneau « attention ! Convoi exceptionnel » sur l’auto qui précédait l’engin. Vu la largeur des routes, l’automobiliste n’avait plus qu’à se faire tout petite pour laisser passer le titan agricole. Maintenant, chaque fermier a tout son équipement moderne, plus besoin de solidarité.

      J’ai vu un reportage sur le « lavache automatique » (on met les vaches dans un couloir et leurs pis sont pressés par des machines. Le paysan n’intervient pas. En Allemagne ou au Danemark, on industrialise au maximum les exploitations animalières dans de sortes de camps de concentration pour bestiaux. C’est de l’abattage hyper rentabilisé au service du seul profit. J’ai un haut-le-coeur quand je vois ces scènes...


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 16:24

      Salut, Paul.

      Gaston Couté s’est effectivement intéressé de près à la vie sans être tout à fait paysan. Même chose en Auvergne pour les poètes Arsène Vermenouze et Camille Gandilhon Gens d’Armes.

      Les convois exceptionnels (pour les moissonneuses-batteuses) existent toujours et il n’est pas aisé de les rencontrer sur certaines petites routes de montagne.

      Tu écris « Maintenant, chaque fermier a tout son équipement moderne, plus besoin de solidarité. » Cette tentation a été vraie un temps, mais au vu des difficultés qu’elle a engendrées ici et là, les mentalités ont évolué. C’est cet impératif de mutualisation et de rationalisation des coûts qui a conduit certains paysans, souvent des cousins, parfois des voisins, à se regrouper au sein d’une Gaec.

      Pour ce qui est du bétail, même dans ma famille, les cousins sont passés à la traite automatisée. Leurs vaches, regroupées dans une étable en stabulation libre, sont appelées une à une dans le couloir de traite tel que tu le décris. A une différence près : l’un des exploitants doit impérativement se trouver là, d’une part pour nettoyer les tétines de la vache et placer les trayons, d’autre part pour intervenir en cas d’incident. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les vaches apprécient ce mode de traite, et il n’est pas besoin de les forcer à entrer dans le couloir lorsque vient leur tour. Côté horrible de la chose : cette habitude doit aider à les abattre lorsque, en fin de course, c’est dans le couloir de la mort d’un abattoir qu’on les fait pénétrer.

      Bonne journée.


    • jack mandon jack mandon 26 septembre 2013 11:46

      Brieli,

      Tiens, le fantôme des poubelles qui confond esprit critique
      et esprit de critique. tout d’abord, je ne tutoie que les amis
      ou ceux qui acceptent le tutoiement.

      Proférer le vocabulaire de chiotte c’est donné à tout le monde.
      L’esprit critique est une excellente manière de nous remettre en question.
      L’esprit de critique, c’est l’esprit du concierge médisant.

      Bien sur que j’ai tendance au lyrisme ampoulé, c’est mon côté baroque.
      La vulgarité nous en sommes tous pourvus.

      Mais pour les insinuations nées de l’antipathie, c’est sans intérêt.
      Débattre, quand vous voulez, mais vomir, ça ne m’intéresse pas.

       


    • jack mandon jack mandon 26 septembre 2013 14:10

      Fergus,

      « Poète et paysan », une vue de l’esprit ? Non, car la vie paysanne relevait,
      malgré sa grande dureté, de la vraie poésie, celle de l’harmonie de l’homme
      avec la nature nourricière.

      Bien sur Fergus, je ne puis qu’approuver, d’autant que mes ancêtres, comme
      pour la plupart des français étaient paysans. Quant à la poésie on peut s’y
      hasarder en moindre proportion. C’est le métissage qui nous concerne tous.


    • Fergus Fergus 26 septembre 2013 17:02

      A noter que l’on trouvait parfois, chez les paysans pourtant bien peu instruits d’antan, de vraies richesses d’esprit dont étaient dépourvues bien des personnes éduquées et fières de leur réussite sociale, mais rendues sèches par le matérialisme.

      En écrivant cela, une très belle scène de cinéma me revient en mémoire, tirée du film « Les aventuriers » de Robert Enrico : leur amie (la charmante Joanna Shimkus) étant décédée, deux hommes (Alain Delon et Lino Ventura) se mettent en quête de sa famille pour lui donner la part du butin qui revenait à la jeune femme ; une famille qui se résume à deux lointains parents, des modestes paysans de Lozère. Les deux petits vieux, assis sur un muret de pierre, refusent le don d’une simple phrase : « On n’a besoin de rien ». On comprend en quelques mots que ces deux-là sont des sages et des contemplatifs dont le bonheur est dans le déroulement des jours, quelque part sur le plateau aride où s’écoule leur vie.

      A bientôt. 


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 14:06

      Bonjour, Morvandiau.

      C’était en effet l’un des rares temps forts de la vie paysanne. Le seul qui soit lié à l’activité, les autres fêtes étant, de loin en loin, les mariages et les baptêmes.

      Il arrivait cependant que, dans certaines familles, la mise à mort du cochon* donne lieu à une sorte de fête couronnée par la dégustation en grillade des menus morceaux récupérés sur la carcasse de la bête après qu’elle ait été dépecée et qu’aient été confectionnés les boudins.

      Le temps des moissons, comme celui des fenaisons, était effectivement un temps agréable : le temps était beau et le travail pas trop éprouvant. De même évidemment que celui des vendanges que j’ai également connu chez les cousins du Lembron (Puy-de-Dôme).

      * Le « moussu » en Auvergne, autrement dit le Monsieur, marque de respect pour la bête appelée à nourrir la famille durant des mois.


    • Fergus Fergus 26 septembre 2013 18:05

      @ Morvandiau.

      Des« bons moments », en effet. Sauf pour le malheureux cochon !

      Cela me rappelle la charcuterie Noblet, située à Paris 14e, au carrefour Alésia. Sur le fronton, l’on voit un cochon destiné à être abattu ; conduit par une petite fille, l’animal pleure, et la petite fille lui dit : « Pleure pas, grosse bête, tu vas chez Noblet ! »

      Bonne fin de journée.


  • Prudence Gayant Prudence Gayant 25 septembre 2013 14:00

    Les femmes ne faisaient que préparer les repas ? 



    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 14:14

      Bonjour, Prudence.

      Au moment de la batteuse, c’était en effet le gros de leur travail. Parfois il commençait la veille en tuant poulets ou lapins. Mais les femmes n’en gardaient pas moins leurs activités habituelles ; nourrir les cochons et les volailles, sans parler de la traite à laquelle elles prenaient une part plus active pour compenser l’absence des hommes. Durant les journées de batteuse, ce sont elles qui dormaient le moins car les repas terminés il y avait encore la vaisselle. Cela dit sans compter le change et l’allaitement des bébés lorsqu’il y en avait. Sans leur robustesse et leur courage à la tâche, tout aurait été beaucoup plus difficile. Grâces leur soient donc rendues !


    • Prudence Gayant Prudence Gayant 25 septembre 2013 14:26

      « Grâces leur soient donc rendues » ! 

      Mais Cher Fergus, vous vous en êtes bien gardé ! Seul le travail des hommes est toujours valorisé, les envolées lyriques décrivant le travail des hommes voilent continuellement celui des femmes moins artistique ? torcher les enfants n’est pas viril faire la vaisselle c’est peu ragoutant.
      Mais la moissonneuse-batteuse, les hommes harassés de travail cela fait un récit attractif.
      Et ne me dites pas que ce sont les femmes qui sont les reines du foyer chez le paysan, les reines ne trempent pas leurs mains blanches dans l’eau de vaisselle grasse et ne changent pas les couchent sales. Elles vont Place Vendôme dépenser l’argent des impôts des pauvres paysans.
      Je ne renie pas le dur labeur des hommes moissonnant mais si je me souviens bien les femmes n’ont pas hésité à faire ce labeur lorsque malheureusement les hommes sont partis au front mourir pour la patrie. 
      Bonne journée et grand merci pour vos articles que j’apprécie.

    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 16:40

      @ Prudence.

      Vous avez raison, j’aurais dû le faire. Cela dit, le texte portait plus sur la description des taches de battage que sur ce qui les entourait. Loin de moi d’ailleurs l’idée de glorifier les hommes au détriment des hommes, et tous ceux qui me connaissent savent que j’ai souvent écrit pour mettre en valeur le talent des femmes (notamment des artistes, musiciennes ou peintres, injustement méconnues ou oubliées) ou dénoncer les actes qui leur portent atteinte.

      Non, les femmes n’étaient pas les reines du foyer chez les paysans. Au temps de ma petite enfance, dans de nombreuses fermes, elles mangeait même à l’écart sur un tabouret tandis que les hommes prenaient leur repas sur la table de ferme, y compris les bouviers ou les bergers qui pourtant dormaient dans un lit clos de l’étable ou de la bergerie. Le plus étonnant est que certaines femmes, élevées comme cela, refusaient une fois mariées avec des paysans progressistes de partager la table de leurs maris ; il y a même eu un cas comme celui-ci dans ma propre famille, et il a fallu des années pour la tante en question accepte enfin de s’asseoir à la grande table.

      Vous avez raison de rappeler que, durant les conflits, ce sont les femmes qui ont fait marcher les exploitations. Eu égard à la difficulté et au nombre des taches, cela a parfois dû être exténuant. Un beau sujet d’article.

      Merci pour vos commentaires.


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 17:18

      @ Morvandiau.

      Vous avez raison, et l’attitude d’humilité apparente de la femme dans une ferme n’était pas forcément à considérer comme une marque de totale soumission ; derrière cette attitude de nature culturelle pouvait se cacher un caractère fort, voire dominateur. De tels exemples, j’en ai aussi connus, y compris dans ma propre famille.

      Le fait est qu’à la même époque, les épouses d’ouvriers ou de petits fonctionnaires condamnées à garder le foyer et à élever les enfants en attendant le retour des maris et de la paie n’étaient pas mieux loties.


  • Kern Kern 25 septembre 2013 14:10

    J’ai eu la chance dans ma prime jeunesse d’assister à plusieurs batteries


    C’est ainsi qu’on les appelait dans la Beauce ou j’étais en nourrice

    Quel tintamarre !!! , quelle poussière !!!! 

    Comme ces grandes courroies nous faisaient peur

    La ferme Gosselin ou je les ai vues se situait à Romilly-sur-Aigre , à 5 km de Cloyes

    Rommilly-sur Aigre et ses villages alentours ou Zola à posé « La Terre » , son chef-d’oeuvre

    J’y suis retourné 50 ans plus tard ; des 4 fermes que comptait le village il n’en reste aucune

    Même celle ou nous allions boire au pressoir le jus de pomme pour en faire du cidre



    • brieli67 25 septembre 2013 15:28

      TIENS du C A L M O S lyrique ;; ;; ;; ;; ; le fasco à plumes
      qui pour une fois nez vomit pas son racisme anti-gauche.

      C très rare pour le souligner.


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 16:52

      Bonjour, Kern.

      Effectivement, l’on parlait de « batterie » dans certaines régions. je l’ai appris lorsque j’étais gamin en Auvergne où ce mot m’avait été rapporté par un parent ayant séjourné dans le Cher. Un mot qui ne manquait pas de susciter l’interrogation : pourquoi garder cette appellation qui rappelait de manière douloureuse les expériences militaires ? En d’autres lieux (Bourgogne par exemple où j’ai fait mon service), l’on parle de « battoir », mot qui désigne tout autant le lieu du battage que l’ensemble des opérations.

      « Tintamarre » et « poussière », vous avez mille fois raison. Mais plus que le bruit, c’est la poussière qui était gênante car elle pénétrait les narines et les bronches. Cela dit sans oublier les particules de son qui volaient et s’insinuaient sous la chemise pour se coller à la peau en sueur.

      Quant à la disparition des fermes, que ce soit à Romilly-sur-Aigre ou ailleurs, c’est une réalité indiscutable, et le processus est loin d’être terminé. 

      Merci pour ce témoignage.


  • brieli67 25 septembre 2013 14:12

    Je n’ai pas connu ces festivités avec batteuse.

    Mais savez vous que la chaume reverdit après la moisson ? De 8,5 % pour les meilleures en moyenne 16 % de la récolte du grain est perdu.
    Les campagnes Faim /fin du Monde de la FAO et autres OGN me font bien rigoler : trop facile d’améliorer le matériel de récolte.

    Anachronique sur notre ferme retour de la batteuse « fixe » dès 1970 :
    corn-pickers et cribs pour le maïs
    http://www.maxiel.ca/projets-developpement-en-crib
    bien avant l’heure
    http://www.estrepublicain.fr/doubs/2011/10/28/faire-revivre-le-blanc-de-bresse
    cette graine ne colore pas les foies gras ni les poulets ni le blanc de boeuf.

    oui, mais mes élucubrations n’intéressent personne

    la Plate-Forme multifonctionnelle  vous connaissez ?


    • brieli67 25 septembre 2013 15:22

      En plus technique

      pour alimenter le« diesel »  : les huiles végétales : du colza jusqu’au gland..
      les huiles de garage
      les huiles de friture

      pas besoin de raffiner, de bio- éthanoliser...


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 17:08

      Salut, Brieli.

      Que les chaumes reverdissent ne sert pas à grand-chose, les surfaces en question étant appelées à être labourées durant l’automne.

      Effectivement, une part du grain était perdue (et l’est encore avec les moissonneuses-batteuses). Mais pas tant que cela dans les exploitations comme celle que je décris car les volailles se faisaient un plaisir de nettoyer le couderc et même de récupérer les grains non battus plus tard sur la paille des litières. Quant aux graines perdues dans les champs lors des moissons, elles nourrissaient les petits rongeurs, ce qui était perdu pour l’homme, mais aussi les faisans et les perdrix, ce qui pouvait être récupéré par les chasseurs.

      Merci pour les liens. J’avoue ne pratiquement rien connaître du maïs, si ce n’est qu’il est aberrant de le cultiver dans les régions pauvres sèches et pauvres en nappes phréatiques. Quant à la Plate-Forme multifonctionnelle, puisse-t-elle venir en aide efficacement aux burkinabés !

      Bonne journée.


  • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 25 septembre 2013 15:44

    SFV . Un bruit effectivement inoubliable...


  • CN46400 CN46400 25 septembre 2013 17:40

    @ l’auteur


    « Ségurel » est aussi le nom d’une vedette de l’accordéon (auteur, entre autre de « bruyères corréziennes ») originaire de Chaumeil (Corrèze) et toujours adulé là bas.

    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 17:56

      @ CN46400.

      Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi le nom de Ségurel. Cet accordéoniste était le préféré de mon père, sa chanson fétiche étant une valse composée par Jean Ségurel : Bruyères corréziennes. Toute l’ambiance des bals sur les parquets-salon lors des fêtes auvergnates en quelques mesures...

      Bonne journée.


  • paco 25 septembre 2013 19:30

     Bonsoir Fergus. Trés bel article, que de souvenirs.
     J’ai connu la batteuse, gosse, en Andalousie, à 2000 bornes d’ici, des bécanes préhistoresques, mais les memes paysans, peu causeux, durs au travail, rieurs la labeur finie, et la meme organisation.
     Ton article m’est émouvant aussi parce que le Cantal, c’est ma terre d’adoption. Un pays magnifique et méconnu. Tu parles si je les connais ces vallées, de Salers à Mandailles, l’Alagnon, et du Plomb au Lioran en passant par le plateau de la Planèze. y vivent encore des anciens, des vrai de vrais, fiers de leurs fermes de basalte, de vrais bastions.
     L’Anglard que tu décris ne peut etre qu’Anglard de Saint Flour. A Freix Anglard ou Anglard de Salers, ils n’ont pas d’aubracs.
     Ton récit me rajeunit de trente piges, l’époque ou je suis sorti avec une fille ...Boussuge !
     Sans doute une descendante  smiley
     Merci encore pour ton récit.

     ( la blagounette du jour : j’espère que si tu as un fils, il n’est pas kiné. )


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 19:54

      Bonsoir, Paco.

      Merci pour ton commentaire. Je ne doute pas que les paysans espagnols ait connu à peu près les mêmes modes de vie.

      Effectivement, le Cantal est un département magnifique, et cela quel que soit le point de chute choisi pour le visiter.

      Je n’ai pas voulu situer mon récit à un endroit précis, et les noms de lieux sont imaginaires, même s’ils existent ici ou là. Mais le fait est que ce hameau se situe quelque part du côté est de Saint-Flour, dans la Margeride cantalienne.

      Une fille Boussuge, j’en ai connu une moi-même, du côté de Rimeize (Lozère), non loin de la commune natale de ma mère. Peut-être était-ce la même ?

      Euh... j’avoue ne pas avoir compris la blague.

       


  • paco 25 septembre 2013 19:58

     Salut cap’tain ! Si tu me trouves la blagounette du jour, je remets la mienne.


  • smilodon smilodon 25 septembre 2013 20:22

    Je suis né cette année-là, pas dans le cantal, mais dans le « 17 » !... J’me souviens pas de tout, c’est vrai, mais ma grand-mère attachant la queue de la vache avant de la traire à la main , assise sur un p’tit tabouret à 3 pieds... J’men souviens oui !... Mon grand-père arnachant les 2 boeufs, qu’il avait dressés lui-même.......J’men souviens aussi ..... Et ces petits tracteurs à moteur simca (rush ou flash, je sais plus), j’men souviens toujours !...Il me reste des images, il me reste des sons. Mais ce qu’il me reste le plus, ce sont les odeurs !....Celle de l’étable, odeur de paille, de bouses, odeur de lait dans ces drôles de bidons « à oreilles », odeur des moteurs, celui du vieux renault, celui d’une traction, ou de la 2 cv de mon oncle, avec sa malle « raoul », odeur de la terre en été après l’averse, odeur des placards de ma grand-mère, odeur du cochon qu’on tue, etc, etc,etc....... On devrait perdre la mémoire, même olfactive, surtout olfactive, quand on avance en âge.....Parce qu’aujourd’hui, je me demande bien ce qui restera dans la mémoire de nos enfants, petits-enfants, quand ils auront mon âge !.... Le mot « Nostalgie » disparaîtra peut-être, tant pour ressentir la « nostalgie » il faut de souvenirs « profonds » !..... Visuels, auditifs, sensitifs.....Et Olfactifs !.... Mon enfance n’était pas aussi « confortable » que de nos jours.....Pourtant, ce « manque de confort », c’est la chose dont je me souviens le moins !....Faire caca dans la nature, car pas de « w-c », se « débarbouiller » dans une bassine d’eau tiède, car pas de « salle de bain », changer de slip tous les 3 ou 4 jours et le reste chaque semaine, car pas de « machine à laver »....J’men souviens aussi..... Mais pas plus !... C’était la vie à ce moment-là, dans un petit patelin « ouvrier-agricole » quelque part en Charente-maritime......A 40 bornes de la mer......A ceux qui comprendront. Doit en rester quesquz’uns, m’en doute...... Boune neu !...(adishatz)......


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 20:40

      Bonsoir, Smilodon.

      Attacher la queue des vaches avec une ficelle pour éviter d’avoir le visage fouetté par un appendice de surcroît pas toujours propre, j’ai également connu, et même pratiqué lorsqu’il m’est arrivé de traire moi-même.

      Intéressant que vous parliez des odeurs car elles restent accessibles, longtemps après. Pas de manière permanente, parfois très fugitives, mais rien n’est plus évocateur du passé que ces réminiscences olfactives.

      Quant aux contraintes quotidiennes et à l’absence de confort, cela fait partie du tableau.

      Adishatz ! comme dit également mon épouse, originaire de la région d’Arcachon.


    • smilodon smilodon 25 septembre 2013 21:40

      @ fergus : Je suis biscarrossais d’adoption. Pas très loin d’arcachon !... J’adore cette région, parce que j’y vis et j’y travaille.. Mais ma « charente » natale, j’y reviens aussi souvent que je peux !... Elle est belle notre France, non ???.... Même si nos enfances nous ramèneront toujours chez nous !.... Mais j’adore la côte landaise, autant je hais la côte « royannaise » !.. Rien à voir avec les « ploucs » les « bouzeux » de « l’intérieur » !... Un « Charentais », un vrai, c’est un mec de la terre !.. Pas de « royan » !... Y’a pas cette différence ici !... Ici, y’a « ARCACHON », et y’a le reste !... A « Bisca » y’a que des « vieux » hyper sympa, et des jeunes pas méchants !..... C’est « bien » ici... Sans rire !.. Quand je retourne chez moi, j’ouvre un placard de ma grand-mère, et je la vois rien qu’à l’odeur !... Un bonheur sans nom !..... Y’a des coins en « charente »..... C’est la préhistoire !.... Et c’est BON !!!... Adishatz mon ami... Et la bise à votre épouse.....


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 23:11

      @ Smilodon.

      Biscarosse, je connais. Et l’étang de Sanguinet où nous allions avec mon épouse et mon fils depuis Biganos au début de notre mariage, elle en solex avec le petit, et moi derrière en vélo. C’est vrai que l’ambiance dans ces coins est sympathique et décontractée, bien loin , sur la côte, des lieux branchés et bruyants que l’on peut rencontrer ici et là.

      J’avoue ne pas très bien connaître les Charentes, excepté les parcs à huîtres de Marennes, Oléron, Ré, Brouage et La Rochelle sur la côte, et les villes de Rochefort, Saintes et Angoulême dans les terres.  Ah, j’oubliais Brouage pour laquelle j’ai pourtant un faible. Une région où je pourrais bien m’arrêter quelques jours lorsque je redescendrai vers le Bassin.

      Bonne nuit.


  • paco 25 septembre 2013 21:29

     Fergus, ma blagounette etait Carambar...
     Vous avez tellement bien parlé de vieux moteurs et tracteurs, qu’un fils kiné, il « Massey, Fergus-son. »
     J’assume ces jeux de mots puérils, que bien de citadins ne peuvent comprendre, tant j’en ai marre des aticles économico-syrio-b52-créationistes.
     Smilodon, tu as bien raison....ces senteurs...on en recausera aprés....
     Au plaisir de te relire, Fergus...


    • Bernie Bernie 25 septembre 2013 21:54

      Bonsoir paco,

      Effectivement, capillo-tracté la blague, mais j’aime.

      @ Fergus, merci pour cette évocation, et même si je n’ai pas connu cette époque (né en 69), je vois qu’elle est encore bien présente pour nombre d’entre nous sur ce fil. Et en fait, c’était il n’y a pas si longtemps, on mesure bien la transformation soudaine de nos villages avec l’avènement de la mécanisation et la lente agonie de tout ce monde paysan.


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 22:50

      @ Paco.

      Fergus-son ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Où avais-je la tête ?

      Le fait est qu’il y a des moments où l’on sature avec les variations sans fin, et parfois les ratiocinations, sur les sujets d’actualité.

      Bonne nuit.


    • Fergus Fergus 25 septembre 2013 22:55

      Bonsoir, Bernie.

      C’est exactement cela. Et pour ceux qui, comme moi, ont connu cette paysannerie à l’ancienne, guère différente de ce qu’elle était entre les deux guerres, l’évolution a été spectaculaire. Je garde de cette époque un souvenir très fort, pas seulement lié à l’enfance, mais au sentiment d’avoir connu là un mode de vie irrémédiablement révolu.


  • alinea Alinea 26 septembre 2013 00:03

    Bonsoir Fergus,
    J’ai connu la batteuse, une récupération, chez des babas à visées autarciques ; j’ai donc participé à une vraie moisson ; c’était horrible, la paille qui volait partout se collait sur notre peau qui transpirait ( nous étions dans le Drôme, en juillet !) et du haut de mes petits vingts ans citadins, je n’aurais pas pu deviner comment j’allais finir ! Je n’y voyais aucune beauté, aucune nostalgie, que des rougeurs qui démangent !
    Incroyable comme j’étais à vingt ans !
    Ici tout le monde a sa moissonneuse-batteuse ( sauf les très petits chez qui on travaille quand il est bien tard en saison !!) et chacun a sa vendangeuse !
    En Crète, au début des années soixante-dix, j’ai vu la moisson faite avec un boeuf qui tirait un plancher sur lequel un homme ( un humain, je me demande si ce n’était pas une femme justement !) était assis sur une chaise !
    Cet été, un paysan a ressorti d’une vieille baraque, une batteuse , mais toute petite !! très belle au demeurant !
    En fait, je trouve encore que c’était mieux avant !!


    • Fergus Fergus 26 septembre 2013 09:18

      Bonjour, Alinea.

      En réalité, ce qui faisait la beauté du travail paysan d’autrefois, même lorsqu’il était rude et porteur de désagréments, c’était son caractère à la fois artisanal et solidaire. Après est venu le temps des regroupements d’exploitations, puis celui de l’industrialisation.

      Des moissonneuses-batteuses, seule une petite minorité de paysans en possèdent une en Auvergne. De nombreuses Gaec n’ne sont même pas équipées. Il est vrai que l’on est là (les Limagnes mises à part) sur des exploitations principalement d’élevage où les cultures céréalières sont plus marginales, et cela d’autant plus que les rendements sont médiocres.


    • Fergus Fergus 26 septembre 2013 10:09

      Bonjour, Morvandiau.

      Malheureusement d’accord avec ce triste constat.

      Le pire en matière agricole étant l’évolution des élevages de volailles et de porcs, passée, à de rares exceptions près, en quelques décennies du plein air à des univers concentrationnaires où les exploitants ne sont plus que des kapos pilotés par des groupes industriels, sans la moindre marge de manœuvre. Je suis sidéré de constater comment certains paysans ont pu, sans broncher, accepter cette évolution.


  • La râleuse La râleuse 29 septembre 2013 10:41

    Le lieu était différent. La ferme de mes oncle et tante, dans mon petit village de l’Oise, était moins importante avec une dizaine de vaches - dont la traite était réservée à ma tante -, 4 chevaux de labour, quelques porcs et lapins, toute une basse-cour de poules avec un coq pour régner dessus. 

    Mais j’en garde les mêmes souvenirs et me revient le parfum piquant des poussières de blé ou d’orge volant autour de la batteuse sous le soleil brulant de l’été.


    • Fergus Fergus 29 septembre 2013 11:30

      Bonjour, La râleuse.

      Merci à vous pour cette visite dans l’Auvergne des années 50.

      Je ne doute pas que vos souvenirs soient identiques à quelques détails près, les conditions de la vie paysanne n’étant guère différentes d’un terroir à l’autre, les régions de grande culture, style Beauce et Brie, mises à part.

      Je connais assez mal l’Oise, excepté Compiègne et sa forêt, mais, étant gamin, j’ai séjourné à deux reprises dans une maison de Béthisy-Saint-Martin. Il m’arrivait alors d’aller chercher le lait dans une ferme effectivement assez semblable dans son organisation à ce que j’avais connu en Auvergne. A cette différence près qu’il y avait, comme chez vos parents, des chevaux de trait et non des bœufs.


  • aimable 29 septembre 2013 14:19

    que de souvenirs !

    mais je n’y résiste pas « cela me rappel la mère DENIS »


  • Jason Jason 29 septembre 2013 16:27

    Bonjour Fergus,
    Ce qui imposait le rythme à la vie du paysan d’autrefois, c’étaient les animaux, et bien sûr la croissance des végétaux. On ne pouvait pas aller plus vite que le boeuf ou le cheval dont la vitesse de déplacement n’était dépassée que par le vélo.

    Le battage des céréales s’appelait le dépiquage dans le Bourbonnais. Avec une immense machine en bois montée sur des roues en fer. C’était tout un bazar dans la cour des fermes, avec branle-bas dans les cuisines et au four attenant à la ferme. La machine et son nuage de poussière, les hommes se relayant aux différentes tâches dont la plus pénible était le transport des sacs de grain vers les greniers, le tout dans une atmosphère de sérieux et de concentration. On se prêtait des journées de travail, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre.

    Le déjeuner, puis le dîner se passaient dans la grange, sur des portes supportées par des tréteaux, recouvertes de nappes blanches décorées de bouquets de fleurs champêtres plongées dans des grands verres ou des pôts à crême. Les menus étaient généreux, charcuteries, viandes en ragoûts ou rôtis de porc ou volailles, peu de légumes ou de salades, beaucoup de pain tranché dans des miches de 60cm de diamètre en moyenne, du beurre en abondance et du fromage blanc maison. Le couteau le plus populaire était le Pradel. Et enfin des tartes immenses, aux fruits. Le tout arrosé du vin du cellier avoisinant, suivi du tonnelet de ratafia dont la formule familiale était tenue secrète. Cela recommençait le soir. Après le dîner qui ne commençait pas avant 8 heures et demie ou 9 heures, beaucoup s’allongeaient sur le foin ou la paille pour ne se réveiller que le lendemain au chant du coq. Le dépiquage durait souvent deux jours.

    Petite note concernant la fourme, dont la plus célèbre est celle d’Ambert, et j’ajouterai, sa papeterie. Pour désigner le fromage, le latin utilisait un mot composé : caseum formaticum. Le terme a connu des fortunes diverses selon les pays. Queso en espagnol, Käse en allemand, cheese en anglais, mais formaggio en italien, et formatge, puis fromage en français. Fourme est resté en Auvergne et désigne encore dans les campagnes le fromage tout court, qu’il soit rond ou carré.

    Merci pour ces souvenirs qui en évoquent bien d’autres.

    Cordialement


    • Fergus Fergus 29 septembre 2013 17:54

      Bonjour, Jason.

      C’est très exactement cela, et votre commentaire vient utilement compléter mon propre texte.

      Vous avez raison de parler du pain. En Auvergne, durant les repas de batteuse que j’ai connus, c’était le pain de seigle qui était consommé. Pétri par les femmes, puis cuit dans le four banal, il se présentait sous la forme de « tourtes » d’environ 6 kg chacune. J’ai moi-même aidé ma grand-mère maternelle à ce travail, malgré mon peu de goût pour le très pénible pétrissage, une tache qui me rebutait presqu’autant (à cause des crampes) que de faire tourner la baratte pour fabriquer le beurre ! En revanche, j’adorais préparer la cuisson et surtout sortir les tourtes du four.

      Bien vu également, les couteaux Pradel, concurrents des Laguiole venus de Thiers à une époque où la coutellerie n’avait pas encore été sinistrée au bord de la Durolle.

      Quant à ceux qui dormaient à même le foin dans les granges ou dans les lits clos des étables où couchaient les bouviers, cela se voyait effectivement. J’ai même connu un gars qui dormait, non loin d’une aire de battage, dans une vieille « tsabone », baraque à roulettes destinée autrefois aux bergers.

      Pour ce qui est du mot « fourme » utilisé pour désigner le cantal, il vient en fait du nom de la forme en bois dans laquelle est enfermé le caillé. Ce nom de fourme n’est plus guère utilisé, excepté par les anciens, restés fidèles à cette appellation. A noter en passant qu’il est désormais difficile de trouver du bon cantal, affiné dans des conditions optimales, le mieux étant de consommer des fromages d’appellation « salers » ou « laguiole », malheureusement assez chers.

      Merci à vous pour cette ballade conjointe en Auvergne et Bourbonnais, l’Allier faisant le lien administratif entre les deux anciennes provinces.

      Cordialement. 


  • TSS 30 septembre 2013 00:58

    J’ai fais ce boulot 2 années en 55et56 pendant les vacances ! Comme j’etais un gamin ils m’avaient donné le

    meilleur poste ,sur le dessus de la batteuse à couper les liens et mettre les gerbes

     dans la machine ,là où on « bouffe »toute la poussière .

     c’etait un e entreprise de battage qui louait son materiel ,la batteuse etait entrainée par un

    -société francaise (vierzon)- monocylindre diesel avec boule de prechauffage et derrière

     il y avait la tete de cheval pour faire les ballots.

     Quand on mangeait le midi ,tout le monde s’asseyait après que le chef de batterie se

     soit assis et ai ouvert son couteau pour trancher le pain ! comme j’etais le dernier à me

     servir(le plus jeune) je n’avais jamais fini quand le chef refermait son couteau.

    j’ai fais aussi le battage des haricots avec la « pleurésie » qui etait motorisée ce qui

    n’etait pas toujours le cas !

     Et le plus dur ,le binage,buttage des haricots qui,à l’époque,se faisait manuellement

     avec une binette avec un manche de 50 cm ,nous etions pliés en deux toute la journée.

     Un camarade d’école dans une autre ferme est mort , le raccord de la courroie avait fait

    exploser la poulie en bois et il a pris un eclat dans la tete... !!


    • Fergus Fergus 30 septembre 2013 08:28

      Bonjour, TSS.

      Pas mal de souvenirs communs, à commencer par ce poste sur la batteuse pour couper les liens des gerbes, travail que j’ai moi aussi accompli.

      Je n’ai connu le SFV qu’à l’occasion de batteuses dans d’autres villages. Mais je vous rejoins sur la subordination de chacun à celui que vous nommez le « chef de batterie » qui ne s’appelait pas ainsi, à ma connaissance, dans le Cantal. En l’occurrence, il s’agissait évidemment du maître d’ouvrage, à savoir le patron de la ferme pour qui travaillait la batteuse.

      Le travail des haricots, je n’ai pas connu, ce légume ne faisant l’objet en Auvergne que d’une culture de potager, contrairement aux pommes de terre.

      Des victimes, les batteuses en ont effectivement fait, la rupture des raccords de courroies (des agrafes métalliques) étant le plus souvent à l’origine des accidents les plus graves.

      Merci pour ce témoignage.


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