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Les informations que l'on reçoit, que l'on capte, que l'on recherche ou que l'on trouve, sont un labyrinthe dans lequel chacun fait son chemin. Nous devons concevoir que nous sommes dans une croyance, puisque tout est dit et son contraire, mais d'un autre côté, les mensonges sont si grossiers, démentis « ailleurs » par le camp même de ceux qui les ont proférés, que par un jeu de reflets, de rejets, puis de bon sens, de ressenti personnel, en faisant confiance à son bon sens, on parvient, au moment où les répétitions n'apportent plus rien de nouveau qui démentiraient l'idée qui a point en soi et s'éclaircit de jour en jour, à quelque chose proche de la vérité.
Au départ je n'avais pas de repère, de vagues soupçons ou a priori certes, mais un flou laissé par des infos officielles entendues, même pas écoutées. J'ai connu l'ignorance puis la pensée passive, celle qui se forge mollement quand on n'a pas approfondi le sujet ; il m'en reste quelques vagues réminiscences : Sadam Hussein, Kadhafi, des dictateurs fous, sanguinaires qu'il était de bon goût de jeter ; pour Bachar el Assad, j'avais déjà dessillé mais j'entendais les ondes.
Quant à Poutine, il était cet arriviste qui fait bourrer le urnes pour arriver et se maintenir au pouvoir, sans parler de la guerre en Tchétchénie où l'on avait, depuis Genghis Kahn, rarement vu homme aussi sanguinaire.
Et puis, par le hasard de la toile où j'étais novice, j'ai vu ces deux hommes, je les ai écoutés et mon ressenti, à l'opposé de ce qu'on en disait, m'a donné envie d'en savoir plus.
Je n'ai ni talents ni dons, sauf peut-être cette capacité à ressentir dans leur réalité profonde ceux que je vois et écoute. Et quelque chose clochait. J'ai donc passé un temps fou à dénicher des vidéos, des biographies, des articles à leur sujet ; et des informations sur leurs faits et gestes. Rien n'y venait contredire ma première perception pourtant en tous points opposés à la pensée passive que j'avais nourrie, sans conscience. Qu'on avait nourrie à mon insu, devrais-je dire. À cet endroit, je me pose la question de savoir comment et pourquoi certains se laissent nourrir encore, et puis, si d'autres, arrivés au même point que moi ( ou moi d'eux, serait plus juste) avaient dès le départ cette conscience infuse ou bien possédaient une science même confuse qui les épargnait des détours, du labeur, des doutes de la recherche. Quel est le chemin personnel des occidentaux qui, aujourd'hui, ont démoli les mensonges encombrants, au profit d'une vérité qui s'avère juste, si on en croit les « aveux » de ceux qui naviguent dans les sphères proches du pouvoir.
Car il est notable qu'aujourd'hui, nous avons à disposition des articles de synthèses qui ne me laissent aucun doute sur ma (notre) vision des choses.
Apprendre de sources sûres que la Maison Blanche, la CIA et l'armée, sont trois pouvoirs des maîtres de l'empire, qui ne sont pas toujours d'accord et tirent à hue et à dia chacun dans la vérité de ses intérêts ou de sa conscience.
Découvrir que nos dominants semblent soit moins informés que nous, soit beaucoup plus bêtes, soit naturellement aux services d'intérêts qui ne nous regardent pas. Et mentent, mentent encore alors qu'il s'avère évident qu'une grande partie de la population n'est plus dupe. On comprend qu'ils peuvent s'afficher ignobles et gagner des élections, juste parce qu'une partie de la population reste coincée dans la pensée passive. Et que cette partie suffit à les élire.
À force de lire, de voir et d'entendre des contextes différents de ceux que l'on veut nous faire gober, je n'avais connaissance de ceux-ci que par des échos éloignés, caricaturés mais surtout « en pièces détachées », ce qui ne faisait pas histoire. Il est facile de mettre un morceau en charpie parce que l'isolement fait loupe et le grossier apparaît, mais au-delà des détails, l'histoire est montée avec des ficelles que son récit escamote. C'est ainsi qu'ayant fait le tour de l'Ukraine et de la Syrie de chaque côté, de l'un avec des analyses, un historique, des points de vue différents mais pas conformes aux diktats, et de l'autre avec les mêmes rengaines de calomnies, de mensonges et d'entêtements présidentiels incompréhensibles, j'en suis venue par hasard à faire un bout de chemin vers la Libye.
J'avais reçu alors les informations que tout le monde reçoit sans engagement ou prise de parti quel qu'il soit. Passivement.
D'abord un film qui est passé sur une chaîne de télévision mais visionnée beaucoup plus tard, il y a peu, et qui fait le portrait de Kadhafi et de la Libye ; un révolutionnaire convaincu par la Révolution française et ses Robespierre et Saint Just ; un homme qui arrive jeune au pouvoir et qui sillonne ses déserts pour mettre en place les comités populaires et donne le pouvoir au peuple ; un homme politique qui rehausse le statut de la femme en affirmant que ni le voile ni sa soumission ne sont coraniques, qui rend l'école libre et gratuite, qui éradique l'analphabétisme, un homme qui lit énormément et qui est farouchement anti occident. Banni de la communauté internationale, comprendre l'occident, un virage se fait après 2001 ; les USA utilisent la Libye comme renseignement sur les islamistes, puis en 2004 lèvent l'embargo sur ce pays. De chien enragé qu'il était depuis 1986 Kadhafi devient un « partenaire », et cela change beaucoup de choses en Libye. Rabiboché avec la France , puis s'en rapprochant après l'épisode des infirmières bulgares, il comprend que les États-Unis sont un partenaire obligé. (1)
Et puis 2011 : Obama : « Pendant plus de quarante ans, les Libyens ont vécu sous la férule d'un tyran qui leur a dénié les droits les plus fondamentaux ». La guerre est en marche. Les dernières paroles devenues publiques de Kadhafi seront : « Je n'abandonnerai pas le pays. Je n'ai plus confiance dans les pays occidentaux ; si tout se termine normalement, je n'aurai plus aucune relation avec les diplomaties occidentales, parce que, en 2003 nous avons signé un accord, j'ai renoncé à mon programme d'armement, je n'ai pas acheté de fusée, je n'ai pas développé de programme nucléaire comme la Corée du Nord ; au lieu de cela les pays de l'OTAN, eux, s'armaient, ils sont venus et là, ils me bombardent. » (2)
Tandis qu'à la même heure ou presque, les paroles de Sarkozy étaient : « L'objectif est que la Libye retrouve un esprit de liberté et un espoir démocratique ». ( Dans leur histoire, c'est l'absence de démocratie qui différencie le CNT et les islamistes, du peuple libyen ?)
Je passerai rapidement sur l'Irak dont on sait que « l'autorisation », si ce n'est l'encouragement, fut donnée, par l'administration Bush, à Saddam Hussein d'envahir le Koweit, province irakienne de fait. On connaît la suite.
À ces deux-là, nous, occidentaux, pouvons être fiers de la mort qui leur a été réservée.
Quant à la Syrie, je ne retiendrai ici que cela :
« Mais il y a aussi une histoire parallèle de la coopération secrète entre la Syrie et les États-Unis au cours de la même période. Les deux pays ont collaboré contre Al Qaïda, leur ennemi commun. Un consultant de longue date au sein du Commandement conjoint des Opérations spéciales (Joint Special Operations Command ), déclara qu’ « à la suite du 11/9, Bachar fut extrêmement utile pour nous pendant des années, tandis qu’en retour, selon moi, nous fûmes très discourtois, et particulièrement maladroits dans l’usage que nous fîmes de l’or qu’il mettait entre nos mains. Cette coopération silencieuse se poursuivit entre certains éléments, même après que [l’administration Bush] ait décidé de le diaboliser. » En 2002, Assad autorisa les services secrets syriens à divulguer les dossiers internes sur les activités des Frères Musulmans en Syrie et en Allemagne. Plus tard cette année là, les services secrets syriens déjouèrent une attaque d’Al Quaïda contre le quartier général de la Vème Flotte de l’US NAVY à Bahrein, et Assad donna son accord pour fournir à la CIA le nom d’un informateur vital d’Al Qaïda. En violation de cet accord, la CIA contacta directement cet informateur ; il rejeta l’approche, et rompit les relations avec ses interlocuteurs syriens. Toujours secrètement, Assad remis aussi aux mains des américains des membres de la famille de Saddam Hussein qui avaient trouvé refuge en Syrie, et – comme les alliés des USA la Jordanie, l’Egypte, la Thailande et ailleurs – fit torturer des suspects de terrorisme pour le compte de la CIA dans une prison damascène. » (3)
Je ne parlerai pas de la Russie, sauf à rappeler les promesses faites à Gorbatchev par l'occident, puisque à elles seules, elles justifient le point commun entre tout ça, qui fait mon sujet.
J'en arrive donc au « Si ».
Si les États-Unis étaient une puissance véritable, un incontestable leader mondial, la proue d'une société éminemment universelle, donc supérieure, qu'auraient-ils eu besoin de toutes ces trahisons ?
Auraient-ils à déplorer aujourd'hui tant de destructions, de morts, de saccages, pour ne pas parler du dédain d'autres sociétés, d'autres valeurs, d'autres manières de vivre ?
Et les autres, les Libyens, les Irakiens, les Syriens, les Russes- je n'ose pas parler des Ukrainiens tant la différence saute aux yeux- qu'ont-ils fait ? Ils ont admis, ou respecté, la puissance américaine, ils ont tenu compte d'eux, bien obligés, mais en toute honnêteté. Conscients probablement beaucoup plus de la difficulté du monde, faisant fi de l'irraisonnable propension à tout égaliser, sous estimant leur folie dominatrice.
On peut aussi voir, comme est dit dans le premier lien que je vous donne, la naïveté de Kadhafi à croire que les Africains pouvaient briguer un statut, libre, d'égaux, dans la logique complémentarité de ceux qui détiennent les richesses vraies, la culture antique, et les parvenus qui se pavanent.
La même naïveté à se croire égal, de Hussein ou Assad !
Que n'a-t-on pas entendu chez nous : mais pour qui se prennent-ils ces sauvages qui ne connaissent même pas la démocratie ?
Et le petit peuple occidental de souscrire à cette abomination. Jusqu'à comprendre, peut-être.
Mon propre dégoût ne peut s'attarder à une abomination ou à une autre, mais, si je creuse, moi, occidentale, il est tout entier à voir nos propres valeurs piétinées pour des buts abjects, et malsains.
Je ne commente pas mon deuxième lien, tant son écoute est douloureuse, quand on connaît les « dessous ». Néanmoins, sauf si vous êtes érudits, sauf si vous êtes « complotistes », je vous en conseille l'écoute et la lecture. Faire un point, où les détails n'importent plus tant les bases sont ignobles, faire un point pour, à l'heure ou Erdogan envisage un génocide à l'encontre des Kurdes (4) où l'on sait l'engagement du Qatar et de l'Arabie Saoudite, nos alliés, nos amis – comme le furent à leur heure Hussein, Kadhafi ?- réaliser que le sort du monde est entre nos mains, accepter, malgré toutes les réticences de la pensée passive, que Poutine est un espoir, un peu tardif, mais un espoir quand même. Du reste, on sait qu'il s'est mordu les doigts de n'avoir rien fait pour la Libye.
Il est des êtres qui prennent leçon de la vie, et d'autres, vivant dans d'autres sphères probablement, non. Obama en est toujours à donner comme condition le départ de Bachar el Assad en Syrie malgré les conseils qui lui sont données par ceux qui savent. Incitons, ordonnons à notre gouvernement de faire dorénavant partie de ceux qui savent, et d'agir en conséquence, ne serait-ce que dans notre propre intérêt.
1) https://www.youtube.com/watch?v=a9LFXO5fvSE
2) https://www.youtube.com/watch?v=EJBWWZw6etU
3) http://www.les-crises.fr/echanges-entre-militaires-par-seymour-hersh/
Dois-je préciser que je n'ai pas eu la moindre prétention que ce soit à faire une synthèse, mais trouver ces exemples pour pointer la trahison, consciente si ce n'est programmée. Mettre face à face ces antagonistes, et leurs valeurs réciproques.